Il faudrait créer des catégories spéciale d'albums à récompenser. Il y aurait bien entendu la litanie des chefs d'oeuvre oubliés, à laquelle n'appartient pas l'objet en question, heureusement indémodable. Catégorie parfois suspecte si elle en est, car recouvrant tout et son contraire, des pépites injustement oubliées aux étrons qui auraient gagné à le demeurer ! Et puis, il y a cette sorte d'albums que votre serviteur affectionne particulièrement, à savoir ces disques qui ne sont pas de véritables nouvelles livraisons. Et qui ne sont pas pour autant de vulgaires compiles ! Car prenons ce 20/20, qui regroupe essentiellement deux des années les plus fertiles du groupe ; l'on ne trouve ici que du matériel "abandonné" par la fratrie Wilson, Jardine, Johnston & Love, ou distillé sur différents singles du groupe, donc jamais édités sur album.J'ajoute que lorsqu'on connaît la démentielle capacité des Beach Boys à composer des morceaux, euh...tuants, et que lesdites chutes proviennent pour partie (voir les albums récents et à venir) du projet Smile, l'auditeur prend conscience qu'il va tutoyer les anges ! "Do It Again" ouvre l'album. C'est un single imparable, qui reprend l'affaire aux années surf, en lui adjoignant ce son droning tourbillonnant d'orgue discret et aigrelet, qui fera florès sur les premiers Stereolab. Mike Love est sans doute le méchant de la bande, celui qui a éjecté Brian, mais il chante de divine façon. Quant à Carl, dont les talents de compositeurs ne cesseront de s'affirmer, son timbre angélique se retrouve en lead sur le "I Can Hear Music" de Phil Spector, ainsi que nombre de gemmes de l'album. Pluralité, diversité sont les mottos des Beach Boys. A quoi reconnaît-on un super-groupe ? En ce qu'il regroupe un assemblage de super musiciens et/ou compositeurs, venus d'horizons divers. Ici, ceux-ci vont jusqu'à faire partie de la même mouture originelle, et comptent même parmi eux un batteur, j'ai nommé Dennis qui crée des tubes, des pistes enchanteresses. Et si l'on devait se risquer au jeu vain des comparaisons d'époque, l'on pourrait sans doute arguer que les BB possédaient deux précieux avantages sur les Beatles : ces derniers n'étaient composés "que" de 3 compositeurs d'exceptions. Et leurs morceaux les plus mièvres étaient autant de verrues - à usage heureusement unique- sur leurs prestigieux albums. Quand les Beach Boys parviennent à faire avaler de redoutables âneries comme le hillbily "Cotton Fields" commandité par Al Jardine au goût souvent sûr (!), sans sombrer ouvertement vers le ridicule, ni spolier la chanson qui suit ! Il faut dire que Dennis, contrairement à Ringo, sait chanter, ET composer, infernal atout s'il en est. "Be With Me", le rageur "All I Want To Do" sont du batteur surfer, tout comme l'est le superbe "Never Learnt Not To Love", et dont l'insensée progression chromatique du refrain ("Come here, closer..") est à couper le souffle ! Même le gentillet Bruce Johston, qui à peu peu supplanté Brian en studio et sur les planches, depuis le retrait de celui-ci, et est généralement coupable de chansons à l'au de rose très dispensables, se fend d'un instrumental aquatique, aérien, ("The Nearest Faraway Place") dont on pourra récoltera les graines à l'envi dans l'oeuvre touffue des High Llamas, et jusque chez nos meilleurs compositeurs de musiques de films. Le groupe, dans son ensemble, est à son apogée créatrice ; "I Went To Sleep", magnifique, baigne dans cette atmosphère élégiaque post-hippie, qui ne déparaissait pas sur Friends (1968). Et le leader fou dans tout ça , where is Brian ? Déjà absent sur la pochette, comme l'était Al Jardine sur celle de Summer Days (And Summer Nights !!) (1965), eh bien, ce dernier relève ironiquement les compteurs......des charts (!) dans la double photo intérieure du gatefold. Présent dans l'ombre certes, mais toujours unique responsable du brelan de chansons uniques, sa marque de fabrique : "Time to Get Alone", magnifiquement interprétée en compagnie de Carl, et les deux tours de force, rescapées de Smile, la tuante "Our Prayer", exécutée a capella par le groupe, et ce qui reste l'une des 10 plus grandes merveilles Beachboysienne, l'incontournable "Cabinessence", qui des arpèges de banjo introductifs, à la cathédrale sonore de son refrain étincelant, constitue toujours , et pour l'éternité, la matrice de la citadelle "Good Vibrations" en bref : reçu 5 sur 5, ce curieux 20/20, vingtième long format du groupe, et testament chez Capitol. Pas la plus connue ni la plus oubliée, cette oeuvre, à laquelle on décerne volontiers la note de son titre, constitue pour le néophyte une habile introduction à l'univers enchanteur des Beach Boys. Le site Wilsonien , la critique énamourée de Surf's Up , BB, site de fan "Never Learnt Not To Love" (single version)