Dans une rue de Madrid, des riverains excédés ont décidé de filmer le va-et-vient quotidien des adeptes de la prostitution. Et de mettre ces vidéos en ligne sur Youtube.
Ils menaçaient de passer à l’acte depuis le mois d’avril. Les habitants de la rue Montera, au cœur de Madrid, ne bluffaient pas. Depuis deux semaines, révèle El Pais, ils ont installés des caméras braquées sur les allées et venues quotidiennes des prostituées et de leurs clients pour dénoncer ce qu’ils appellent «le commerce de la viande dans le centre de Madrid».Ce petit groupe de riverains baptisé «vecinosmontera» (les voisins de Montera) a poussé le vice à mettre en ligne leurs trente-neufs vidéos sur le site de partage Youtube.
Leur but ? «Dénoncer la situation de dégradation dans cette rue et la passivité de la municipalité pour résoudre ce problème de prostitution».
Succès modéré
Et qu’importe, explique El Pais, si le maire conservateur Alberto Ruiz-Gallardon a décidé d’installer une trentaine de caméras de surveillance dans le quartier. Selon ces riverains, «ce n’est pas la solution à ce problème d’exploitation des femmes qui se produit dans cette rue».
Pour autant, les «vecinosmontera» ont eu recours à ce moyen de pression sans se douter le moins du monde qu’ils tombaient sous le coup de la loi.
Car, même si leurs films rencontrent un succès modéré (entre 1.000 et 17.000 vues), l’Agence espagnole de protection des données a aussitôt ouvert une enquête. «Cela me paraît totalement illégal. Que les caméras soient ou non installées à un endroit fixe», s’insurge le président de cette agence, dans El Pais. D’autant plus si ces images relevant de la vie privée sont mises en ligne sur Internet…
Si les prostituées et les clients sont reconnaissables, les riverains en colère risquent jusqu’à 600.000 euros d’amende. Face à cette menace, ils ont décidé d’éviter les zooms et les gros plans. Et de flouter leurs images.