Elizabeth Crane,
éd. 10/18, 224 p.
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17 nouvelles trempées dans du soufre, ça donne Banana love... « Ma vie est super ! Et géniale ! » La première nouvelle donne le ton, ironique jusqu'au bout des ongles. La narratrice raconte sa vie avec bon nombre d'accents exclamatifs et sarcastiques, une vie de rien ou de pas grand chose que celle de cette femme qui se réfugie dans les castings de la télé réalité pour fuir précisément la réalité. Et même la lucidité de la malheureuse tourne au vinaigre. C'est dire si à chaque lecture, on marche sur des peaux de banane : la chute n'est plus à la fin de la nouvelle mais dans chacun des ses recoins, durs, cyniques.
Dans Betty la zombie, c'est carrément le corps de l'héroïne, exposée au média, cela va de soi, qui tombe en lambeaux. Plus elle se décharne, plus l'audimat grimpe... Et les producteurs de se frotter les mains. Cette petite série de décomposition a quelque chose de Cioran, l'écrivaine nous montre ces inconvénients d'être ce que l'on est, quand on est un femme. Entre les interstices tragiques, des petites paillettes comiques nous rappellent qu'il vaut mieux rire de tous ses naufrages, l'alcool, et tout autre dépendance ou compulsion plutôt que d'y sombrer définitivement. Crane sonne définitivement avec cette écriture sèche le glas des fairy tales pour sortir de terre son contraire, "l'immerveilleux".