Humour abject

Interrogé vendredi soir par Francis Letellier au cours de Soir 3, Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l’UMP, déclarait, à propos du soutien apporté à Brice Hortefeux par le gouvernement : « C’est tout à fait normal qu’il y ait un soutien sans faille pour une raison très simple et moi, j’étais sur le campus de Seignosse. C’est qu’on lui fait là un procès totalement abject. Brice Hortefeux était dans un cadre qui était un cadre amical, avec des jeunes autour de lui, il a traité sur le ton de l’humour la conversation qu’il a eue avec eux. Il n’y avait rien de déplacé et d’ailleurs, le jeune en question, qui était son interlocuteur à l’occasion de ce tournage sauvage de vidéo l’a lui-même confirmé. »

Que d’inexactitudes dans ces quatre phrases :

- Le cadre amical ne fait rien à l’affaire. Si ce jeune tenait à être photographié en compagnie de Brice Hortefeux, ce n’est pas parce que celui-ci est son ami, mais bien parce qu’il est ministre.

- On ne traite pas une conversation, on la tient.

- La caractéristique de l’humour, c’est qu’il n’est jamais blessant. A la différence de l’ironie, dirigée vers un tiers, l’humour est le plus souvent exercé sur soi-même. On tient Boris Vian pour être l'auteur de sa définition comme politesse du désespoir.

- Le tournage de vidéo n’avait rien de sauvage, il était réalisé par Thomas Raguet, envoyé spécial dans les Landes de la chaîne Public Sénat. Il n’était pas non plus clandestin. Sur la vidéo complète, enfin diffusée vendredi 11 septembre dans le JT de 18 heures de la chaîne, on peut voir à plusieurs reprises François Copé regarder la caméra.

Ce pauvre Dominique ne sait pas que le mot parole est utilisé dans l’expression parole d’honneur. Il va falloir l’appeler désormais porte-mensonge. Il est vrai que ce n’est guère surprenant de la part d’une personne condamnée en correctionnelle en 2004 pour abus de confiance.

Gilles Leclerc, PDG de la chaîne, chargée, c’est savoureux, d’une «mission de service public, d'information et de formation des citoyens», et qui avait bloqué la diffusion de cette vidéo, a déclaré sur le site de Libération : «Un média doit-il tout montrer? C'est une question que j'ai posée. Diffuser cette séquence aurait représenté une lourde responsabilité vis-à-vis d'une certaine communauté». Ceci démontre à l’évidence que, qu’il les ait tenus intentionnellement ou pas, les propos de Brice Hortefeux étaient ambigus et pouvaient être considérés comme parfaitement abjects. En dehors de son domicile, et encore, un ministre reste un ministre, d’autant plus lorsqu’il est ministre de l’Intérieur, responsable de la paix civile et, de surcroît, chargé des cultes.

Roselyne Bachelot, Christine Lagarde, Valérie Pécresse, Jean-Louis Borloo, Luc Chatel, Nora Berra et Xavier Bertrand lui ont exprimé leur soutien. Ils ont fait passer la solidarité de leur clan avant la vérité et l’honneur. Honte à eux ! Quand au jeune Amine, qui apparemment a répudié la foi de ses pères, il n’est pas le mieux placé pour juger si une insulte leur a été faite, à eux, pas à lui.