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Souvenirs, souvenirs.

Publié le 12 septembre 2009 par Pensezbibi

En 2006, sous le même gouvernement Villepin, se trouvaient côte à côte, Little Nikos (alors Ministre de l’Intérieur) et Azouz Begag, sociologue des Cités (aujourd’hui en flirt avec le Modem), ancien ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances. Entre les deux hommes, l’inimitié alla grandissant et ne tenait pas forcément uniquement à des divergences politiques.
Bien entendu, il sera facile de contester ce que rapporta Azouz Begag dans son livre «Un mouton dans la baignoire» sur une conversation téléphonique qu’il eut avec notre grand Président mais elle vaut la peine d’être rapportée ici. Suite à une timide protestation du sociologue lyonnais sur l’usage de «Racailles» et de «Karcher», Chouchou s’était mis dans une colère noire très-limite : «Tu es un connard ! Un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule ! Tu te fous de mon nom… Azouz Sarkozy ! Je vais te montrer, moi, Azouz Sarkozy… Tu te fous de mon physique aussi, je vais te casser ta gueule, salaud ! Connard».
Dans la foulée, Brice Hortefeux n’était déjà pas en reste puisqu’il asséna au même sociologue un «Allez Fissa, sors de là ! Dégage d’ici, je te dis, dégage !» empreint de relents coloniaux. Pour les ignorants, ce «fissa, fissa», c’est ce que disaient les soldats français aux Arabes en Algérie.
Bien entendu, les propos d’aujourd’hui d’Hortefeux sont inadmissibles et il est incroyable qu’un Ministre continue d’occuper un tel poste républicain d’importance. Mais pourquoi est-ce si incroyable ? Le fait qu’il reste en place devrait nous inciter à creuser la question du «Pourquoi a t-il les moyens de rester
Et là, il faudrait peut-être revenir sur la part de responsabilité des Partis de Gauche qui ont laissé, en leur temps, les thèses du FN devenir le socle à partir duquel il fallait discuter (Plate-forme reprise dans le programme de Little Nikos et, hélas, tacitement acceptée alors par une frange de la Gauche). Ces thèses ont été bien peu contestées : là encore, il faut se souvenir. Se souvenir de cette équation devenue quasi-banale : Immigration = Délinquance.
Aujourd’hui, ne nous voilons pas la face, il y a une base de masse qui serait d’accord avec les propos d’Hortefeux. Cette Opération risque même de servir à raccrocher au Pouvoir des couches populaires qui subissent de plein fouet la crise et qui auraient tendance petit à petit à rejeter Little Nikos sur sa gestion de crise. Il est possible que cet épisode de racisme médiatisé, que le rejet de l’Arabe en pleine Université d’été de l’UMP, que la «Plaisanterie» de Brice Hortefeux soient des bouées de sauvetage pour un Pouvoir dont les assises s’effritent.
Il y a peu encore, on se disait qu’il fallait éviter que ces partisans du racisme s’organisent, que ces partisans disposent d’un organisme puissant ou des appuis de la loi. Aujourd’hui, la base de masse «sarkozyste» peut se solidariser sur cette déclaration innommable d’Hortefeux. Cessons d’ailleurs de la qualifier de «dérapage» : c’est au contraire bien dans la ligne droite d’une politique qui sait où elle va sur laquelle nous nous trouvons. Cette politique ne dérape pas : elle va toujours vers la division, le rejet de l’autre, l’exclusion, la misère pour asseoir son pouvoir.


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