L'Afrique, ce continent traversé par des crises humanitaires et des maladies qui foisonnent, mais que font nos gouvernements et nos multinationales? Ils pillent leurs ressources.
Pillage de l’Afrique
De Léo-Paul Lauzon**
L’immense majorité des trois milliards de démunis de la planète vit dans des pays disposant d’importantes richesses naturelles, paradoxe troublant révélé par la Banque mondiale. Le problème est que ces pays pauvres sont exploités éhontément par des transnationales étrangères qui s’accaparent leurs richesses et leurs services publics avec la collaboration de politiciens corrompus. La population vit alors dans une pauvreté extrême, sans aucun service public, et dans un contexte d’illusion de démocratie.
La revue Atlaséco signale que «de nombreuses compagnies étrangères ont acheté à bas prix les diamants du Congo, son or, son coltan et son cobalt et ne sont pas taxées légalement». Pourtant, 80 % de sa population est démunie, rapportait La Presse : «Une population pauvre dans un pays riche». Idem pour la Guinée, signale encore Atlaséco: «L’argent du pétrole est monopolisé par le clan présidentiel avec le soutien de compagnies américaines comme Exxon Mobil et Amerada Hess.» C’est là que Rio Tinto Alcan, qui se prétend un modèle de responsabilité sociale, exploite des usines de bauxite présentant un bilan environnemental désastreux où figurent des déversements de mazout à répétition et des poussières toxiques sur la ville, mentionnait La Presse: «Un pays pauvre assis sur des montagnes d’or.»
Pareil au Nigeria, principal producteur de pétrole d’Afrique où tout appartient à des multinationales étrangères, dont Shell, qui a payé 15,5 M$ pour régler un litige où la compagnie est soupçonnée de complicité dans le meurtre d’un opposant. Quoi encore? «Course folle pour les ressources du Niger. Les entreprises canadiennes exploitent les mines d’or et d’uranium sur fond d’enlèvements», titrait Les Affaires.
Et ce banquier new-yorkais, Philippe Heilberg, qui contrôle le sud du Soudan avec sa propre armée «populaire de libération», vient «d’acquérir» 400 000 hectares de terres riches en pétrole et en minerais, ce qui constitue l’une des plus importantes transactions du genre depuis la vente de l’Alaska! Il admet travailler à l’éclatement du Soudan (40 millions d’habitants) comme d’autres exploiteurs œuvrent au démantèlement du Nigeria et de l’Éthiopie. Au diable les dommages collatéraux que représentent les millions de morts! Pas grave, c’est juste des Africains!
L’ONU signale que «l’influence de la grande entreprise est une menace contre la démocratie» et prévient «les nations contre les risques de recolonisation par les transnationales». Les pays africains devraient, comme les pays d’Amérique latine, élire des gouvernements socialistes qui se réapproprient leurs biens publics et leurs ressources naturelles en les retirant des mains des étrangers et de l’oligarchie locale.
Source Métro Montréal
**Léo-Paul Lauzon est professeur au Département des sciences comptables de l'Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.