L'UE décidera à l'automne s'il faut inscrire ou non le thon rouge de l'Atlantique sur la liste des espèces les plus menacées dans le monde, ce qui pourrait revenir à interdire
provisoirement sa commercialisation internationale, a confirmé samedi Bruxelles.
"Une position commune de l'UE doit être arrêtée cet automne", en vue de préparer la réunion de mars de la Convention de l'ONU sur le commerce international des espèces de faune et de flore
sauvages menacées d'extinction (CITES), a précisé à l'AFP une porte-parole de la Commission européenne.
Elle a confirmé l'existence d'un document interne préparé par la Commission qui recommande d'inscrire le thon rouge sur la liste des espèces les plus menacées, cité samedi par le Financial
Times.
"D'un point de vue scientifique et technique, les critères pour mettre le thon rouge de l'Atlantique sur la liste semblent être réunis", souligne ce texte cité par le quotidien économique, qui
doit servir de base à la discussion entre les 27 pays de l'UE.
"Le lien entre le commerce international et la surexploitation de l'espèce ne fait aucun doute", ajoute la Commission, qui stipule qu'une éventuelle décision en ce sens n'interviendrait pas avant
la fin de la campagne de pêche 2010
Une position commune pourrait toutefois être difficile à trouver, certains pays de pêche comme l'Espagne, l'Italie et Malte étant des plus tièdes par rapport à une telle inscription, rappelle le
quotidien britannique
"La Commission a pris note des positions individuelles exprimées par certains Etats membres de l'UE qui approuvent l'idée de placer le thon rouge sur la liste à l'occasion de la réunion de la
CITES", a souligné la porte-parole.
Elle va travailler "avec tous les Etats membres pour établir une position commune sur cette question", a-t-elle ajouté.
Le thon rouge de l'Atlantique se rencontre dans toute la zone de l'Atlantique nord et ses mers adjacentes, notamment en Méditerranée, de l'Equateur jusqu'au nord de la Norvège, du Golfe du
Mexique jusqu'à la mer Noire.
Pour le moment, le thon rouge de l'Atlantique ne bénéficie d'aucune protection de la CITES, la seule organisation mondiale ayant autorité pour limiter ou interdire le commerce international
d'espèces animales ou végétales menacées.
Fin juillet, la principauté de Monaco a proposé à l'ONU d'inscrire le thon rouge sur la liste des espèces les plus menacées dans le monde, dans l'Annexe I de la Convention des espèces qui ont
besoin du plus haut degré de protection.
Une Annexe II de la CITES recense par ailleurs les espèces menacées et dont le commerce est seulement soumis à des restrictions.
Si elle est adoptée en mars 2010 à l'Assemblée générale au Qatar des 175 Etats parties à la CITES, l'inscription à l'Annexe I interdirait aux pêcheurs de commercialiser du thon rouge sur le
marché international, mais ils pourraient continuer de vendre leur poisson sur le marché national.
La mesure éliminerait ainsi la principale cause de surpêche : la forte demande pour la confection de sushis et de sashimis de pays comme le Japon et les Etats-Unis.
La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont annoncé qu'ils soutiendraient une telle mesure.