Inutile de revenir sur la polémique autour des propos du Ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, rapportés par Le Monde cette semaine. Tronqués ou pas, la polémique fait déjà suffisamment rage sur le sujet (le Parti Socialiste, sautant sur l'occasion, en profite d'ailleurs pour demander la démission du Ministre).
Ce qui mérite quelques secondes d'attention néanmoins, c'est la stratégie de défense mise en oeuvre par le monsieur un peu dégarni qui pose à côté de lui pour la photo souvenir, rapportée toujours par Le Monde dans un article d'hier :
On passera sur les deux premières phrases, typiques de la politique de l'autruche, celle qui consiste à ne rien voir, à classer systématiquement tous ces petits incidents qui minent la démocratie dans la catégorie du "non évènènement"...
En revanche, la dernière phrase semble tirée tout droit de la bouche d'un certain Frédéric L. :
"Ces histoires d'Internet posent un problème de fond : ce n'est plus du journalisme".
Alors :
1 - "Ces histoires d'internet" : déjà, ça montre la compétence du Président de l'UMP à s'exprimer sur Internet. Il semble maîtriser son sujet. En plus, la formulation, méprisante, a un vague relent de fait divers, de ceux qu'on voit passer au JT de 20h.
2 - "Ce n'est plus du journalisme" : Qu'est-qui n'est plus du journalisme ? Ces histoires d'Internet ? Si rapporter les dérapages des hommes qui dirigent le pays, ce n'est pas le rôle du journalisme, ce chien de garde de la démocratie, alors il va falloir me dire à quoi les journalistes sont censés servir.
Plus concrètement, le chef de l'UMP n'a peut-être pas compris que la vidéo a été tournée par des journalistes professionnels et, de surcroît, des journalistes du Monde. C'aurait été posté par le quidam moyen, l'argument aurait pu passer, mais là...
Alors quoi, sous prétexte que le support de diffusion de l'information, c'est Internet, ça veut dire que l'information n'est plus crédible ? Si les paroles avaient été couchées sur papier, là par contre, il n'y aurait rien eu à redire ?
Internet (et les Auvergnats) ont bon dos. Dès que ça part en cacahuète, allez hop, c'est la faute d'Internet, cette "poubelle", où c'est bien pratique de dire qu'il s'y trouve tout et n'importe quoi. Bref, le combat n'est pas gagné (d'autant que le vote Hadopi 2, hein, c'est pour bientôt)...