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« Les gens qui téléchargent illégalement sont des couards planqués derrière leur ordinateur. Ce sont des terroristes... ces gens-là, ils auraient vendu du beurre aux Allemands pendant la guerre »
Voila les paroles de Christophe Lameignère, Président du Syndicat national de l'édition phonographique et patron de Sony Bmg. Non content de confondre Allemands et Nazis (ce qui est en soit le plus grave), voila maintenant que l'industrie musicale voudrait donner des leçons de morale.Je n'ai pas envie de repartir dans une diatribe sans fin et un énième commentaire sur Hadopi et la crise du disque, mais mettons les choses au clair une bonne fois pour toute. Ce qui se passe aujourd'hui, cher Christophe, est culturel plus qu'économique et quoi que vous disiez vous n'y changerez rien.L'ère du numérique a détruit ce à quoi vous (les maisons de disques) teniez le plus : le monopole de la fabrication et de la diffusion des supports musicaux. A cette époque, vous vous en êtes donné a coeur joie. Les compiles insipides, les albums avec la vache en image de synthèse, ou la grenouille qui pète, les clones en pagaille de chanteur de variétés, la télé-réalité, tout ça on ne l'a pas inventé, nous les terroristes. Ce sont bien les producteurs qui ont vendus à gros coup de pub télé tout cette production vide.Ensuite, la culture du Top 50, plutôt que la culture de l'artistique,c'est vous aussi. Vendre des albums 20€ avec le single du moment et du remplissage autour pour rentabiliser au plus vite ce qui passe en radio c'est vous aussi.Le CD vous a mis dans une situation confortable, ou seul le marketing importait, matraquer des titres, matraquer des pubs, de toutes façons si le consommateur voulait écouter le titre de la pub, il n'avait pas le choix, c'était acheter le disque ou rien.
Aujourd'hui c'est fini, plus de support, plus d'obligation d'acheter. C'est dommage, mais c'est comme ça. Et surtout on n'y changera rien, comme je le disais, on est maintenant dans une autre culture, et surtout une autre génération de consommateurs. Vous voulez une démonstration qui ne peut se contredire ?Aujourd'hui, grosso modo , deux choix s'offre a un ado de 15 ans qui consomme énormément de musique :
1- il aime un artiste. il sort de chez lui, il prend le bus, la voiture ou le métro pour aller dans un magasin de disque, il a 50% de chance de ne pas trouver le disque, il devra peut être refaire encore un autre trajet pour changer de magasin. Ensuite, 1heure après, il se retrouve avec un cd qu'il ne peut pas écouter puisqu'il possède un lecteur MP3. Il rentre chez lui, il encode le CD dans son ordinateur, ensuite il pose le CD sur une étagère vu qu'il ne l'utilisera plus jamais. il met les mp3 dans son lecteur, ou il les écoutera directement dans son itunes.
2- Il aime un artiste. Il clique sur un site de téléchargement gratuit. il l'écoute.
Et vous voulez encore vendre des CD ?
Ensuite, imposer le téléchargement légal, ok, c'est louable, mais internet c'est comme une fnac avec un rayon gratuit et la même chose en rayon payant. C'est difficile de combattre l'offre gratuite avec une offre payante, surtout si votre seul argument valable reste l'insulte des internautes.C'est bien, continuez, essayer d'imposer la paiement au titre plutot que de reflechir à comment la musique pourrait aujourd'hui servir de produit d'appel ou comment developper une offre autour du streaming qui parait de plus en plus incoutournable.
Car franchement, entre nous, 9euros un album en digital, c'est le prix qu'on devrait payer pour un CD, pas pour un simple fichier en mp3Pas de coût de fabrication, pas de stock, pas de distributeur physique, alors ? Qui sont les vendeurs des beurre ?On s'en fout de savoir que vous n'avez signé que 35 artistes pour 47 contrats rendus en 2009. Si c'est pour signer 35 Kamini, Sliimy, Koxie, Yelle, Crazy Frog, Helmut Fritz ou je ne sais quel produit jetable, consommable, marketé, interchangeable, et bien effectivement, je préfère vous retirer tout moyen de nous pourrir les oreilles et vous enlever le carnet de chèque pour ce genre d'artistes.Même quand ces artistes signés font des disques dans leur chambre, pour un prix de revient quasiment nul, au bout de la chaîne, on paie quand même le prix d'un album qui aurait été enregistré dans 50pays différents, avec 3 producteurs américains. Donc stop au foutage de gueule sur le prix de la musique. IL est ou l'investissement sur la création ?Même dans les années 90 alors qu'on ne savait pas encore que le mp3 arriverait, on se plaignait déjà du prix des CD et on savait qu'on se faisait arnaquer. Ce n'est pas la musique qui coûte cher, c'est ce que vous avez mis autour : pub et marketing.
Ensuite, oui, je télécharge. Sur le blog par exemple, je parle souvent de Lady Gaga. Même si c'est de la grosse production et pas du petit commerce équitable, quoi qu'il en soit j'ai connu Lady Gaga en rippant un de ses titres. J'en ai parlé, j'ai écris sur elle, j'ai fais passé le titre de main en main, diffusé écouté, et j'ai fais venir des gens a ses concerts, acheté du merchandising, fait acheter son album. J'ai fais gagner plus d'argent à Lady Gaga que je l'aurais fais il y a quelques années. Car il y a 10ans, il aurait fallu que j'attende sur le bon vouloir d'un label, qu'il décide d'investir de l'argent en publicité, me donner envie d'acheter le disque, et c'est tout. j'aurais acheté le single. j'en aurais parlé à 10 personne autour de moi et terminé. Je prends l'exemple de Lady Gaga car cest le genre de produit que vous aimez vendre en maison de disque, et pas les artistes plus difficiles, mais l'exemple fonctionne aussi avec un artistes indé, sauf qu'il y a 10ans, l'artiste indé n'avait accès à aucun médias.Alors, oui bien sur ce sera dur pour les petits groupes ou les petits artistes, mais eux, de toutes façons ils ne gagnaient déjà pas d'argent avec les ventes de disques, et leur soucis a toujours été d'arriver à tourner et faire des concerts, et encore une fois, donner sa musique, la faire voyager sur internet peut plus facilement ouvrir les portes des salles de concerts et fédérer les fans qu'à l'époque des K7 envoyés par la poste aux maisons de disques.Vous vous souvenez, l'époque des K7 démo qui terminaient dans des cartons a coté du bureau de votre Directeur Artistique qui n'en écoutait aucune et qui finissait par tout jeter à la poubelle à la fin de l'année.Heureusement qu'aujourd'hui les groupes ont la chance de faire passer gratuitement leur musique directement aux auditeurs.Heureusement qu'ils ne comptent pas sur les maisons de disques, qui ont passé la dernière décennie à flairer les coups marketing et les artistes les plus rentables.Donc arrêtez de pleurer sur un passé qui ne reviendra pas. Oui il y aura moins d'artistes, moins d'argent, mais faire un bon tri dans cette masse informe qu'est devenue la musique, tant mieux. Vous avez passé les 10 dernières années à fabriquer des produits plutôt que de nous fabriquer des icônes. Et puis, la musique n'est pas apparue avec ls maisons de disques, les musiciens etaient là avant, ils seront là apres la mort de ce business, il y aura peut etre moins de champagne qui coulera, et alors ? Ca ne changera pas la musique.
De toutes façons, ce n'est pas en tapant sur les gens qu'ils achèteront des disques dont ils ne veulent pas. Aujourd'hui l'offre culturel ce n'est plus que le disque, donc on y mettra de toutes façons moins d'argent qu'avant. Non, ce qu'il faut faire c'est réfléchir. Penser, imaginer un futur moyen de montrer aux artistes qu'on les soutient et que leur travail n'est pas vain. Réfléchir à une manière de rémunérer la création, pas une manière de taper les consommateurs. Le monde change, il serait temps de s'en rendre compte, vous ne vendrez plus de CD, vous ne ferez plus acheter de compiles avec des pubs télé, vous ne fabriquerez plus des fausses stars à coup de millions , car vous ne les avez plus.Maintenant, trouvez des artistes qui tiennent la route, gardez votre peu d'argent pour produire des choses de qualité, qui donneront envie au gens d'être fans, de se réunir autour d'un artiste et de suivre sa carrière.Je m'en fous qu'il n'y ai que 10 disques par an. Si ce sont 10 bons disques tant mieux. Pour le reste, on se débrouillera entre défricheurs, petits groupes, petits labels, concerts et autres. On a toujours fait sans vous, on continuera.Il y a 15 ans, j'achetais un album de nirvana, un de metallica, un public enemy, 1 ou 2 groupes de hardcore inconnu et voila; ça me faisait mon année.Aujourd'hui je vais peut être telecharger 10 albums par mois, et continuer a acheter 1 ou 2 albums, mais bon, de toutes façons le reste , il y a 15 an je ne l'aurais pas acheté. Par contre cette accessibilité permet peut être de tomber sur la bonne surprise et la faire partager. Avant la bonne surprise il fallait que je me la paie de toutes façons, donc a 20€, hors de question d'y aller a l'aveuglette. C'est ce qui a changé. Et je comprends que ça vous énerve.
Regardez la scène Metal, des groupes qui remplissent encore des stades depuis des décénnies, souvent en marge des grosses ficelles des majors, c'est parce qu'ils font une musique de fans, une musique d'albums, pas une musique pour le top 50. Combien d'artistes 100% découverts par une major ont un discours artistique valable ? Combien d'artistes électroniques ont bénéficié d'une major pour émerger, pendant que vous produisiez Priscilla ou Jonathan Cerrada ? Et vous voulez qu'on pleure sur ça ? Pourquoi un groupe comme NIN préfere sa liberté plutot que d'être encore chez Universal ? C'est de la mienne ? non, c'est de votre faute, les maisons de disques. Il veut se faire plus d'argent ? Non, puisqu'il donne leur disque gratuitement. Mais, c'est simplement parce que la politique au sein d'un label est rétrograde et tourné vers le bénéfice immédiat au détriment de la musique, ce qui n'a aujourd'hui plus aucun intérêt. Et pourtant avec une présence intelligente et réfléchie sur le web, la tournée de Reznor n'a jamais été aussi bien remplie.
Effectivement, je préfère être un nazi doublé d'un terroriste si ça peut servir à "épurer" la musique de toute la bêtise inutile avec laquelle vous nous avez abreuvé ces dernières années. Les années 60/90 ne seront qu'une parenthèse dans l'histoire de la musique et de son industrialisation, par chance vous y avez fait votre beurre, mais c'est normal que la réalité reprenne le dessus, la faute à la technologie, mais c'est l'évolution du monde dans lequel on vit. Fini le temps des troubadours, fini le temps des partitions, fini le temps des supports. Il faut s'y faire.
Pendant des années c'est nous qui avons fourni en beurre avec l'argent des fans, pour ensuite vous en servir sur nous comme dans une production Marc Dorcel. On veut bien vous aider à vous défaire de cette mauvaise habitude, mais on a pas envie de continuer comme ça.