Elisabeth, impératrice d'Autriche,
préface de Catherine Clément,
éd. Le Félin, 190 p.
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Les poèmes d'Elisabeth d'Autriche sont longtemps restés tapis au fond d'une cassette, soixante ans exactement avant que le Président de la Confédération helvétique ne fasse sauter les sellés et découvrent des poèmes au contenu déconcertant. La belle et douce impératrice révèle sa fougue et son imagination vagabonde. Ce journal, nous précise Nicole Casanova, a été écrit sans rature, d'un seul jet. Ces récits poétiques nous parlent de ses amours avec François-Joseph, de son amitié avec « son aigle », le cousin Louis II de Bavière ou de ses descriptions très piquantes de la famille royale. Elle raconte avec beaucoup d'ironie les repas de famille au cours desquels étaient invités les membres de la maison de Habsbourg. Si sa poésie caricature les us et coutumes de la cour, elle est aussi le reflet de la nature et du temps sur son esprit, poésie bucolique qui peint les saisons. La belle princesse confie à la nature insouciante et sans vice ses secrets, ses amours. Celle qui s'identifie à Titiana, la reine des fées dans l'œuvre de Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été rêve d'un ailleurs aux couleurs du Sud, Corfou et sa « mer rayonnante et infinie ».
Et l'on s'imagine au gré de ces poèmes l'impératrice au clair de la lune contant ses tristesses, ses passions et ses solitudes dans cette cour qui ne lui plaisait guère. Sa poésie ne connaîtra pas une grande postérité littéraire parce qu'elle ne vaut que pour l'intimité de cette grande dame qui n'a pas cherché à écrire pour être lue. Sa poésie est avant tout, et comme nombre de poètes amateurs, une pause, un îlot perdu quelque part dans les méandres d'un cercle vicieux que l'on nomme pouvoir. Ces poèmes lyriques retracent cette part d'ombre qu'elle a voulu longtemps après sa mort préserver comme un secret bien gardé.