Poezibao a appris
hier soir, par plusieurs sources, Paul Farellier, Marc Kober, Christophe
Dauphin, d’autres encore, la disparition, ce 11 septembre 2009, du poète Sarane
Alexandrian.
Je reproduis ici le communiqué signé par Christophe Dauphin et Marc Kober.
« Notre ami Sarane Alexandrian est décédé le 11 septembre 2009, à
Ivry-sur-Seine, où il était hospitalisé. Le Grand Cri-chant (comme l’avait
surnommé Victor Brauner) a rejoint la Fée-précieuse, son épouse, le peintre
Madeleine Novarina.
Résolument poète, dans la mesure où la poésie est une manière de vivre et pas
seulement d’écrire, Sarane Alexandrian est né en 1927 à Bagdad, où son père
était le stomatologiste du roi Fayçal 1er. Durant son adolescence en France, il
participe, à seize ans, à la Résistance dans le Limousin. À la même période, il
est initié au dadaïsme et au non-conformisme par le dadasophe Raoul Hausmann. À
vingt ans, à Paris, il devient « le bras droit d’André Breton », selon
l’opinion publique, et « le théoricien n°2 du surréalisme ». Co-fondateur, en
1948, de la revue Néon et porte-parole du « Contre-groupe H » qui se regroupe
autour de Victor Brauner, Alexandrian devient le chef de file de la jeune garde
surréaliste (Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud, Alain Jouffroy, Jean- Dominique
Rey…), des novateurs, qui s’opposent aux orthodoxes du mouvement, en situant le
surréalisme « au-delà des idées » et en accordant la priorité au « sensible ».
La « rupture » avec André Breton intervient en octobre 1948. Depuis lors,
l’importance, comme l’influence, de Sarane Alexandrian, n’ont pas tant reposé
sur son activité au sein du groupe surréaliste, que sur sa démarche de
continuité et de dépassement de ce mouvement. Romancier, essayiste, historien
d’art, journaliste (L’œil, L’Express) et fondateur, en 1995, de la
revue d’avant-garde Supérieur Inconnu
(dont le numéro spécial sur « l’Art de vivre » paraitra fin septembre 2009 en
même temps que le dernier livre de Sarane Alexandrian : L’Art surréaliste, éditions Filipacchi), Sarane Alexandrian, a
publié de nombreux livres, dont certains ont connu un succès international : Le Surréalisme et le rêve (Gallimard,
1974), Histoire de la philosophie occulte
(Seghers, 1983), Histoire de la
littérature érotique (Seghers, 1989). Ses romans « d’aventures mentales »,
comme ses nouvelles, imbibées de poésie, sont de véritables mythes modernes
écrits en autohypnose. Toutes ses œuvres de fiction, véritables poèmes en
prose, sont fondées sur le principe de la métaphore en action. Les Terres fortunées du songe, avec
dix-huit dessins de Jacques Hérold, (Galilée, 1980), est indéniablement le chef-d’œuvre
de sa création, et l’une des plus hautes cimes de la prose surréaliste. Il
s’agit d’un roman mythique absolument inclassable, ni science-fiction, ni
allégorie, ni récit fantastique traditionnel, ni satire d’humour noir, mais
tenant de tout cela ensemble.
A consulter : Sarane Alexandrian, L’Aventure
en soi, autobiographie, Le Mercure de France, 1990. Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand défi de
l’imaginaire, Bibliothèque Mélusine, L’Âge d’Homme, 2006. »
Christophe Dauphin et Marc Kober