C'est une poupée qui fait oui, oui, oui, oui, oui... Un peu trop, d'ailleurs. Rencontrant deux hommes coup sur coup, elle cède à l'un mais ne se refuse pas tout à fait à l'autre. Chabadabadaboum. Évidemment, nous sommes chez Claude Chabrol, et tout ceci se déroule dans la haute bourgeoisie, les dîners mondains et les séances de dédicaces. Ça commence d'ailleurs à devenir très ennuyeux, cette obstination à dépeindre encore et toujours le même milieu social, tout cela pour tenir encore et toujours le même propos, et pour raconter une histoire bien moins folichonne que son titre...
Il y a 25 ans (et donc 25 films), on aurait sans doute applaudi à la vue de cette Fille coupée en deux classique mais pas désagréable. Seulement voilà : aujourd'hui, l'ensemble a un fâcheux goût de déjà-vu, le style Chabrol n'ayant pas évolué d'un iota. Même mise en scène eighties, mêmes comédiens de seconde zone (qui, à part lui, fait encore tourner Mathilda May?), même direction d'acteurs au bord de la caricature. Si La fille coupée en deux fonctionne en partie, c'est grâce à une bonne idée, celle d'inverser les rôles. D'habitude, la femme fatale préfère le jeune loup mais s'engage avec le vieux friqué ; là, c'est tout le contraire. Parti pris intéressant mais pas forcément bien exploité. D'autant que Benoît Magimel livre une prestation des plus caricaturales (on le croirait sorti d'un Onteniente). Heureusement, Ludivine Sagnier est une parfaite femme-enfant et François Berléand s'inscrit idéalement dans la mécanique chabrolienne. Une mécanique qui gagnerait à être révisée en profondeur : ce n'est pas avec La fille coupée en deux que Chabrol trouvera son Match point.
5/10