J’ai le cœur aussi grand
Qu’une place publique
Ouvert à tous les vents
Voire à n’importe qui
Venez boire chez moi
Trois fois rien de musique
Et vous y resterez
Comme en pays conquis
J’ai le cœur en déroute
Il ne bat que d’une aile
Il bat comme un volet
Les nuits qu’il fait du vent
Ne le prenez jamais
Surtout comme modèle
Car je vais en mourir
Avant qu’il soit longtemps
À vingt ans, cœur joyeux
Moi qui ne savais rien
J’allais aux quatre coins
Des horizons du monde
Je croyais comme vous
Que la Terre était ronde
Et les hommes parfaits
Je m’en portais si bien
Mais le cœur que l’on porte
Au fond de sa poitrine
On ne le choisit pas
On en fait ce qu’on peut
Aux quatre coins de moi
Le chagrin se dessine
Mon bonheur à présent
Se meurt à petit feu
J’ai le cœur aussi grand
Qu’une place de foire
On y vient sans façons
On y fait Dieu sait quoi
Mais je ne voudrais pas
Qu’on en fasse une histoire
Cette histoire de cœur
Ne regarde que moi
J’ai le cœur aussi grand
Qu’une place publique
Cette histoire de cœur
Ne regarde que moi
(Bernard Dimay)