de Sylvie Peres-Lugassy ( speres-lugassy@laprovence-presse.fr )
Salon : que faire des animaux saisis par les gendarmes ?Pour les chats birmans recueillis à Salon, un box a été aménagé. Tout l'équipement (gamelle, litière, panier) mais aussi les médicaments ou croquettes pour chaton ont été achetés par la SPA.
"Comme par hasard, tout à coup tout le monde veut adopter un chat!" Isabelle Puléo de la SPA de Salon est un peu excédée. Le 24 août dernier, les gendarmes de la brigade de Lançon, accompagnés de vétérinaires de la DSV (direction des services vétérinaires) et de personnels de la SPA de Cabriès, Salon et Paris avaient récupéré sur décision de justice 33 chats, une dizaine de chihuahuas et 50 rottweillers dans un élevage de Pélissanne.
Les animaux avaient été confiés aux refuges en attendant la condamnation définitive de leur ex-propriétaire. Cependant, il n'est pas encore possible de faire passer ces animaux à l'adoption. Dans l'abri propre situé à l'entrée du refuge, elle s'occupe tous les jours, de ses petits rescapés aux poils longs et aux yeux bleus, elle les soigne et se retrouve parfois confrontée à l'incompréhension du public.
"Depuis que nous avons recueilli une vingtaine de chats et chatons de race Sacré de Birmanie, le téléphone ne cesse de sonner et les visites sont incessantes... mais seulement, pour ceux-là, personne ne regarde les autres animaux! Quand on leur explique que les birmans ne peuvent pas être adoptés, on nous soupçonne de mauvaises intentions et quand on explique que de toute façon, comme c'est le cas pour les autres bêtes, il faudra payer un tarif forfaitaire fixe, on nous accuse d'en faire commerce. Ils sont sous le coup d'une réquisition de justice.
Nous ne pouvons que les soigner, les nourrir, nous en occuper. Par exemple, et cela sera peut-être un problème si la décision de justice tarde à venir, nous ne pouvons pas les castrer pour éviter qu'ils ne se reproduisent !" Une évidence qui passe pourtant mal auprès du public. "On nous dit "nous sommes venus pour sauver ces animaux en les adoptant". Mais ces chats sont déjà sauvés !
Les personnes qui viennent pour certaines ont de bonnes intentions, mais elles ne comprennent pas que les chats ne sont pas adoptables pour l'instant, et pire, il y en a même qui pense que l'on ne veut pas les donner pour faire notre profit dessus." Car ces chats (inscrits au Lof) peuvent valoir en animalerie entre 600 et 800 €.
"C'est une aubaine pour les indélicats qui en adopteraient un couple pour les faire se reproduire et les vendre." Loin d'en tirer profit, le refuge dépense 50 € par jour minimum pour leur nourriture et en est déjà à plus de 1300 € de frais vétérinaires. "Si on veut les aider, c'est plutôt dans ce sens-là qu'il faudrait participer. Quand, ils sont arrivés, il a fallu tout racheter et il en manque encore."
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Eclairage
La responsable juridique de la SPA de Paris contactée par téléphone confirmait hier qu'il n'y avait effectivement pas encore de décision définitive concernant le sort des animaux saisis. "Nous en sommes encore à la collecte de preuves, témoignages pour constituer le dossier et proposer au juge le plus d'éléments possibles pour qu'il tranche en notre faveur. En général, il faut tout de même attendre deux mois avant d'en savoir plus"
Même constat du côté des gendarmes pour lesquels l'enquête se poursuit toujours avec d'autres ramifications : "Il ya une décision de justice qui a été prise, celle de dessaisir la propriétaire de ses animaux et de lui interdire toute activité avec ou autour des animaux. Pour le reste, l'affaire n'est pas close".
Du côté du refuge de Cabriès où ont été placés les chihuahuas et les chats saisis, on a choisi d'adopter une mesure radicale vis-à-vis de la demande du public : "pour décourager ceux qui auraient de mauvaises intentions, on déclare que les animaux ne sont pas adoptables car ils ont tous été réservés !
On ne sait plus comment expliquer la chose, alors on en finit par être désagréable aux oreilles de certains. Mais au moins, on nous laisse tranquille. Cela nous permet de nous consacrer à la remise en forme des animaux"
Martine Sommerhalter la présidente du Centre de défense des animaux de Marseille et de Provence à Cabriès explique : "La moralité et la légalité du commerce animalier restent aujourd'hui sujets à caution. Je fais confiance à l'ensemble des services de l'État pour en assurer le contrôle. N'oublions pas que nous vivons une crise économique.
Pour les animaux, il faut s'éloigner de cette notion de commerce, d'achat à crédit, de vente, à n'importe quel prix." Quels que soient les refuges, tous passeront les animaux à l'adoption dès que la Justice leur en donnera l'autorisation.