Dans La Dépêche de cette semaine, Franck Martin assure qu'il ne porte aucune responsabilité dans l'abandon du projet commercial Immochan à Val-de-Reuil sur la ZAC dite des coteaux. Nul n'ignore pourtant qu'il a tout fait pour empêcher la réalisation de cette implantation commerciale de première importance pour le développement de l'ex-ville nouvelle. D'ailleurs, lors du vote des délégués de l'agglomération Seine-Eure, il avait annoncé clairement la couleur : « il s'agit d'un projet préjudiciable aux intérêts du commerce lovérien. Je voterai contre » Il n'avait pas été suivi par une majorité nette de délégués après les explications convaincantes de MM. Ozeel et Jamet.
La crise économique actuelle ne favorise pas les initiatives nouvelles et les investissements. Les chefs d'entreprises souhaitent y voir plus clair. Il est évident que l'abandon du projet Immochan s'inscrit dans ce contexte. Mais pas seulement. Car si les responsables actuels de la CASE n'avaient pas tout fait pour retarder l'approbation du dossier technique et administratif, il y a belle lurette que l'opération aurait démarré sans possibilité de faire marche arrière.
Philippe Roussel, directeur régional d'Immochan (Nord, Pas-de-Calais, Normandie, Picardie) vient d'écrire à Franck Martin, président de la CASE pour lui faire part de la décision définitive d'abandon de son groupe (1). On lit : « Je me permets de vous rappeler que les premiers échanges sur le dossier datent de début 2005. Le projet consistait alors à la création d'un parc d'activités commerciales traditionnel, composé de plusieurs Moyennes surfaces sans contrainte de surface autre que le respect des documents d'urbanisme, sur un foncier vendu aux alentours de 15 euros le mètre-carré. Il s'inscrivait pleinement dans notre stratégie d'accompagnement des sites ATAC (aujourd'hui Simply Market) et constituait ainsi un projet piloté qui était notre priorité et auquel nous tenions particulièrement.
Or, nous avons subi au fur et à mesure que le dossier avançait et se précisait des modifications importantes sur des points essentiels du dossier.
C'est d'abord le schéma de principe du projet qu'il a fallu retravailler. Du projet initial, vous avez souhaité nous faire évoluer vers un programme sous forme de rue commerçante impliquant la construction de bâtiments séparés aux formes moins conventionnelles. Ces demandes ont fortement augmenté nos coûts de construction et donc nos hypothèses d'investissement…
…En second lieu, le prix de vente du foncier n'a cessé d'augmenter depuis nos premières rencontres jusqu'à atteindre 30 euros du mètre-carré de terrain aujourd'hui. Cette variation du prix a joué un effet défavorable sur la faisabilité du projet.
Puis nous nous sommes vus imposer une contrainte sur la taille du programme commercial. En effet, le projet initial prévoyait la création de 6 000 m2 de surface de vente. Cette surface vous paraissant trop importante nous avions accepté en février 2009 de la réduire à 5 500 m2. Or, vous nous avez imposé en mai 2009, une limite à 4 950 m2 de surface de vente, ce qui a bouleversé notre hypothèse de travail. En effet, cette contrainte au-delà de voir la surface de vente diminuée, implique également une réduction de la surface SHON (2) du programme, la majorité des enseignes étant aujourd'hui soumise à une demande d'autorisation exploitation commerciale. Le seuil minimal que nous jugions opportun pour créer un impact commercial fort sur l'agglomération n'est plus atteint. De plus, cette diminution des surfaces n'est pas, comme nous avons déjà eu l'occasion de vous l'écrire, sans conséquences sur notre bilan économique de l'opération.
Je ne peux également que regretter vivement que nous n'ayons pas reçu votre accord et votre soutien pour faire avancer ce dossier plus tôt dans un contexte économique qui était favorable. La ralentissement du développement des enseignes constaté ces derniers mois nous oblige à être d'une part beaucoup plus prudents dans nos investissements et d'autre part beaucoup plus sélectifs dans les programmes commerciaux que nous définissons, beaucoup d'enseignes ayant arrêté leur développement sur 2009 voire 2010. Ce retard pris dans l'avancement du projet influe donc fortement la décision que nous prenons aujourd'hui.
En résumé, nous estimons ne pas avoir reçu le soutien politique nécessaire pour voir aboutir ce projet bien que nous nous soyons fortement accrochés à ce dossier et que nous ayons fait preuve de beaucoup de patience. Mais les modifications apportées au compte-goutte ont entraîné sa remise en cause par notre comité d'investissement.
Ainsi, nous sommes au regret de devoir renoncer à ce projet qui nous tenait à cœur sur lequel nous nous sommes beaucoup investis en temps et en moyens humains et qui correspondait à notre objectif de développement…
Je vous prie…»
(1) Le texte que je publie est identique au texte original.
(2) SHON : Lors d'une demande de permis de construire, le pétitionnaire doit mentionner la Surface Hors Oeuvre Nette (SHON) de la construction prévue. Cette surface est égale à la Surface Hors Oeuvre Brute (SHOB) après diverses déductions.
Légende de la photo : lors du vote des délégués de l'agglomération (photo JCH)