En effet, l'AFP rapporte qu'au court d'un séminaire interministériel sur l'économie numérique, qui se tenait à la maison de la Chimie (Paris VIIe), le premier ministre a non seulement fait part de son enthousiasme pour le numérique - qui disposera d'une partie des revenus liés au Grand Emprunt - mais également donné son point de vue sur l'affaire BnF-Google. « Pour moi, Google n'est pas un problème, mais un défi », explique-t-il.
Une manière à peine voilée de soutenir l'initiative de l'établissement, quand François ajoute : « On s'est récemment ému que la BNF ose discuter avec Google au sujet de la numérisation de son fonds d'ouvrages. Mais ce qui serait choquant, c'est qu'elle ne le fasse pas. »
Diabolisation et chasse aux sorcières
Selon lui : « Il faut sortir de la diabolisation contre-productive sans basculer pour autant dans la naïveté. Ce qui importe, c'est que les décisions qui seront prises le moment venu se fassent avec les garanties absolues sur les intérêts à long terme de notre patrimoine culturel et dans le respect des droits des auteurs. » Mais encore : « L'économie numérique est évidemment une très grande priorité nationale sur laquelle nous voulons faire porter les efforts d'investissement de ces prochaines années. »
Face à lui dans autour de cette table ronde, sous la haute présidence de... Frédéric Mitterrand, Mats Carduner, directeur de Google France. Selon Livres Hebdo, l'homme a scotché tout le monde avec une proposition inattendue : « Il faut être accessible au partenariat, sans volonté d'exclusivité, et c'est dans cet esprit que nous avons envisagé avec la Bibliothèque nationale de France de mettre à sa disposition, et à celle d'Europeana, les livres en français libres de droit que nous avons numérisés aux États-Unis. »
Alain Kouck, PDG d'Editis, présent autour de la table, aura pour sa part pris la défense de l'édition qui ne serait pas « ringarde » à l'égard de ces évolutions, mais qu'il restait avant tout deux problèmes cruciaux à régler pour que le numérique puisse enfin éclore. La TVA réduite est bien sûr expressément nommée ainsi que le problème autour du prix unique des ebooks.
Après le soutien clairement apporté par Bruxelles au projet de Google books, celle du premier ministre dessine un avenir plus net, et qui n'emballera probablement pas l'ancien président de la BnF. Jean-Noël Jeanneney avait fermement manifesté son opposition à ce projet, estimant que l'argument financier qui pèserait dans la balance était « vraiment dérisoire ».
Mais alors quid de Fred dans cette histoire ? Une bien belle déclaration attend le lecteur : « Le ministère de la Culture n'est pas sur la défensive, nous ne sommes pas opposés au retour du partenariat avec des entreprises privées, nous ne sommes pas en Union soviétique, mais cette coopération requiert des garanties pour le patrimoine numérisé, et pour le respect des droits de la création. »