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Lagerfeld Confidentiel

Publié le 10 octobre 2007 par Didier T.

Mes compères de blog sont ainsi : Zal habite au fond d’une calme campagne ; il reçoit de temps en temps internet, Mika et Uusulu sont obsédés par les campagnes antisarkozy et les vidéos. Des filles hystériques et anonymes laissent des messages bizarres un peu n’importe où à Uusulu. J’ai parfois du mal à trouver mon chemin.
Qu’importe je brave tout et j’impose mon sujet : Lagerfeld.
Il a une actualité brûlante.
D’abord un livre est sorti sur lui. Editions Calmann-Lévy. Un ex assistant resté près de 20 ans à ses côtés qui s’est fait licencier et qui écrit un livre, sorti en septembre si j’ai bien compris.
Certains journalistes disent qu’on en a pas parlé parce que le livre qui relate l’envers de Lagerfeld aurait été censuré. La presse vit grâce aux annonceurs PPR-LVMH-Chanel, alors bon quand le grand manitou de Chanel dit pas d’article et bien c’est pas d’article.
Branle-bas de combat dans la maison Calmann-Lévy. Un livre témoignage sur un personnage très public, coûte que coûte, cela se vend. On utilise donc les nouvelles méthodes de communication pour toucher la cible, le lecteur France moyenne, avide de douceurs people et d’envers du décor : on invite autour de l’auteur des blogueurs influents. En échange du livre et de la rencontre, ils écrivent un billet sur leur blog. Le timming est bon, aujourd’hui sort en parallèle le film Lagerfeld Confidentiel de Rodolphe Marconi.
Evidemment, je n’ai pas lu ce livre témoignage. J’en soupe assez de l’envers des décors des entreprises très capitalistes. Pas besoin d’explications, je crois assez bien maîtriser mon sujet.
Par contre j’ai vu le film. Je ne suis pas dupe. Rien n’est vrai non plus. Rodolphe Marconi dans son dossier de presse « ment », enfin non, il utilise un procédé bien connu des lobbystes et des consultants en communication politique qui vendent des cochonneries qui ne portent pas leur nom, le storytelling. Il raconte une histoire. Il raconte une belle histoire. Alors voilà, Rodolphe Marconi est beau et trentenaire. Il ne sait pas pourquoi, un truc dans l’enfance sûrement, mais son héros c’est Karl Lagerfeld. Comme il est réalisateur de cinéma, il se dit pourquoi pas un film sur Lagerfeld, pourquoi pas un documentaire. Essayons. Alors il appelle gentiment l’attachée de presse de Lagerfeld, Caroline Lebar. Au début, elle lui dit, non, elle lui dit, vous êtes le 100ème à avoir l’idée ! Il insiste. Il obtient un rendez-vous avec elle. Puis un autre, puis encore un autre et enfin un déjeuner avec Lagerfeld. Que porte t-il lors de ce déjeuner ? Un pull griffé, rare, numéroté, d’une marque underground tendance. Trois spécimens dans le monde. Karl Lagerfeld reconnaît immédiatement le pull et le bon goût qui va avec. Il a acheté les deux autres exemplaires. Oui, on prend la France moyenne pour une sombre conne. Rodolphe Marconi est le mec, ou un très bon copain, d’Alysson Paradis, la sœur de Vanessa Paradis, égérie de la maison Chanel.
Ce n’est pas un crime, mais ce n’est pas un documentariste qui a fait le film, ni un type vraiment fougueux et ambitieux, mais plutôt ce qui semble être un gentil garçon, assez bien introduit et qui en a « profité ». Je ne dis pas que le film est inintéressant, seulement c’est le sujet, Karl Lagerfeld, qui dicte, or, dans un réel travail intellectuel, ce n’est pas le personnage principal qui décide de la trame de l’ouvrage, c’est l’auteur. Si vous vous intéressez au travail de la mode et des grands créateurs, préférez les dvd de Loïc Prigent sur Chanel et sur Marc Jacobs.
Que nous dit Karl ?
Dans les toilettes, si tu pisses partout, t’es pas Chanel du tout ! Y’a un écriteau comme ça, dans les toilettes, d’une de ses maisons, celle de Paris peut-être.
La maison de Paris est très intéressante, l’escalier est majestueux et mélancolique malgré les pots d’orchidées blanches. Il nous guide vers des pièces bordéliques. Ca m’a fait plaisir de voir que le bureau de Karl Lagerfeld ressemble au mien question désordre. On y trouve des crayons et des livres. Et puis sûrement de tout et de rien, des petites choses dispersées, sans conséquence, du maquillage, par exemple, des fards à paupières, il en met pour colorer ses dessins, moi à côté de mon ordinateur, on peut apercevoir un flacon de vernis à ongles. La comparaison s’arrête là, le sien de bureau est beaucoup plus onéreux et chic.
On apprend aussi que Karl dort avec le doudou de son enfance sur l’estomac. Sinon il est mal. Le doudou est dans un piètre état, Karl Lagerfeld a plus de 70 ans, alors il l’a protégé en le mettant dans un sac en tissus noir. L’enfance, on sent que c’est un monde plus aride qu’on ne nous le laisse entendre. « A six ans, ma mère me disait, ah, débrouille-toi pour me parler correctement, moi je suis une adulte, je ne m’exprime pas comme un enfant de six ans ».
Karl Lagerfeld n’a pas fait d’étude. Comme tous ceux qui sont dans son cas, il voit bien que cela n’a rien empêcher, mais il a le besoin de le dire très vite le "je n'ai pas le bac ", et il collectionne les livres, comme s’il fallait compenser.
Le film montre a peu près le spectre des gens qu’il aime. Ses collaborateurs et ses serviteurs. Il monte à côté de son chauffeur et fait la bise à ses femmes de ménage. Il taquine son attachée de presse avec ses bagues. Au détout d'une phrase, entre deux portes, de son débit légendaire, il murmure qu'il faut être sérieux, qu'il, enfin que lui et son équipe, travaillent aussi pour faire vivre un millier de gens.
On le voit beaucoup travailler. La photo notamment avec un mannequin homme qui semble fétiche. Un mannequin blond, cheveux raides aux épaules, petit diamant à l’oreille, un mélange subtil de petit garçon blondinet, homme des forêts,, femme. Le moment du shooting dans la rosée brumeuse du matin est un beau moment de poésie. Et le garçon semble si calme…Ca m’a fait penser au film « Lady Chatterley » de Pascale Ferran. Pas si mal.
Publié par les diablotins

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