Magazine Culture

Anthologie permanente : Dino Campana

Par Florence Trocmé

la chimère

Je ne sais si entre des roches ton pâle
Visage m’apparut, ou si sourire
De lointains ignorés
Tu fus, le front éburnéen
Penché éblouissant ou jeune
Sœur de la Joconde :
Ou des printemps
Éteints, par tes mythiques pâleurs
Ô Reine ô Reine adolescente :
Mais par ton poème ignoré
De volupté et de douleur
Musique enfant exsangue,
Marqué de lignes de sang
Dans le cercle des lèvres sinueuses,
Reine de la Mélodie :
Mais par la tête virginale
Inclinée, moi poète nocturne
Je veillai les étoiles vives dans les abysses du ciel,
Moi pour ton doux mystère
Moi par ton devenir taciturne.
Je ne sais si la flamme pâle
Fut des cheveux le vivant
Signe de ta pâleur,
Je ne sais si ce fut une douce vapeur,
Douce sur ma douleur,
Sourire d’un visage nocturne :
Je regarde les roches blanches les sources muettes des vents
Et l’immobilité des firmaments
Et les ruisseaux gonflés qui vont pleurant
Et les ombres du labeur humain courbées là sur les tertres glacés
Et encore par de tendres ciels lointains claires ombres courantes
Et encore je t’appelle je t’appelle Chimère.
Dino Campana, Chants Orphiques, Nocturnes, traduits de l’italien et présentés par Christophe Mileschi , L’Âge d’Homme, 1998, p. 36-37.
Dino Campana laisse un livre unique, ses Chants Orphiques, recueil de poèmes en vers et en prose, paru à la veille de la Première guerre mondiale, en août 1914.
Contribution de Sarah Léon

la chimera

Non so se tra le roccie il tuo pallido
Viso m’apparve, o sorriso
Di lontananze ignote
Fosti, la china eburnea
Fronte fulgente o giovine
Suora de la Gioconda :
O delle primavere
Spente per i tuoi mitici pallori
O Regina o Regina adolescente :
Ma per il tuo ignoto poema
Di voluttà e di dolore
Musica fanciulla esangue,
Segnato di linea di sangue
Nel cerchio delle labbra sinuose,
Regina de la Melodia :
Ma per il vergine capo
Reclino, io poeta notturno
Vegliai le stelle vivide nei pelaghi del cielo,
Io per il tuo dolce mistero
Io per il tuo divenir taciturno.
Non so se la fiamma pallida
Fu dei capelli il vivente
Segno del suo pallore,
Non so se fu un dolce vapore,
Dolce sul mio dolore,
Sorriso di un volto notturno :
Guardo le bianche rocce le mute fonti dei venti
E l’immobilità dei firmamenti
E i gonfii rivi che vanno piangenti
E l’ombre del lavoro umano curve là sui poggi algenti
E ancora per teneri cieli lontane chiare ombre correnti
E ancora ti chiamo ti chiamo Chimera.
Dino Campana, Canti Orfici, Notturni.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines