A peine insufflé et déjà conspué. Alors que la ménagerie de Pinder défile aujourd'hui sur la passerelle inachevée de Kawamata ( à 10h), Evento, "le rendez-vous artistique et urbain de Bordeaux" qui se tient du 9 au 18 octobre ne cesse de faire parler de lui. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il divise la communauté artistique. Elle se rejoint sur un point : la faible représentation de locaux impliqués dans la manifestation. "J'espère que cela sera un succès qui permettra l'ancrage de la manifestation dans les habitudes culturelles bordelaises. Nous assisterons aux concerts avec curiosité. Cela dit, nous continuons de défendre l'idée que le programmateur d'un événement doit absolument connaître le sérail" nuance Nicolas Sergère, un des fondateurs de la plate-forme créative Corner. Plus incisif, Emmanuel Ranceze, président de l'association "Les sangliers sont lâchés" y voit une manifestation symptomatique de la politique culturelle de la ville ."J'ai l'impression d'une biennale bien bling-bling qui n'intéresse pas beaucoup de monde. Mais ce qui m'énerve le plus c'est que cela se revendique grande fête populaire gratuite alors que le coût de l'ensemble est vertigineux", s'insurge l'un des organisateurs des Rendez-Vous de Terres Neuves à Bègles. "D'un point de vue musical, la soirée à l'Opéra me paraît intéressante. (ndlr : Evento prévoit de démonter les fauteuils du Grand Théâtre). Toutefois, dans l'ensemble, il me semble que le tout a été monté bien en retard et par dépit suite à l'échec de Bordeaux 2013", relève pour sa part Mathieu Faugier, programmateur de la jeune association underground Hello my name is ! Une chose est sûre, aucun opérateur local n'a été informé sur le contenu de l'événement. "Hormis le pont que je vois, je ne sais pas du tout ce que c'est", admet le directeur de la compagnie des Marches de l'Eté Jean-Luc Terrade. Même son de cloche du côté du Poquelin Théâtre à la Bastide. "Evento est la plus belle oeuvre d'art contemporain que je connaisse ! Si le flou qui l'entoure est souhaité, je dis "Chapeau !". A la limite, même si Novart était un catalogue des actions culturelles bordelaises déjà programmées, on pouvait s'y inscrire.", ironise Jean-Claude Meymerit, directeur de la salle rue de Nuits. Bref, d'ici le début d'Evento-et même après-, les artistes locaux n'ont pas fini de s'exprimer.