te perdre,
c’est retrouver le néant des sables
avec ses os de seiches obstruant ma bouche,
c’est retrouver le jour encombré d’épluchures,
jonché de squelettes épineux.
toi perdue,
mes mains se videront de tout ce qui les faisait gémir ou trembler,
mes lèvres n’atteindront plus aux voiles du ciel frais,
les épines des rosiers ne serviront qu’à composer au monde
un visage barbelé.
toi perdue,
je serai ce corps neutre
où les angoisses font halte.
toi perdue,
je tiendrai dans mes bras
que ce tas de sable qui coule,
avec la mort embusquée dans le dernier grain.
(Tahar Djaout)