Bien le bonjour, les marmottes à ventre fauve (si j'ose)
On connaît des gens qui préféreraient avoir un scorpion dans la culotte plutôt que de manger du boudin. Une copine, qui a le sens de la formule et le boudin en horreur (deux qualités rarement réunies dans le même individu), nous disait ainsi l’autre jour: «Ce n’est pas demain la veille que du sang de cochon coagulé rentrera dans mon corps, moi vivante et en pleine possession de mes moyens physiques et mentaux.» On attend donc qu’elle débloque pour lui en faire manger. Nyark.
Bref, planquons donc ce boudin que l’on ne saurait voir. Planquons-le dans une pomme rassurante, sa notoire et meilleure copine gastronomique. Voilà donc un joli boudinou en cage de gala pochée au pastis et 5 épices, recette épatante qui devrait réconcilier une partie de l’humanité avec cette défrisante canaillerie charcutière.
Coupez la tête des pommes. Avec un couteau pointu, faites un petit volcan pour mettre le boudin dedans. Un cratère généreux, mais respectueux de l’enveloppe du fruit. Il existe des engins pour mener à bien cette tâche-là. A l’aide d’un économe, pelez ensuite partiellement la pomme, en laissant un liseré rouge en haut et en bas, ceci par pure chochotisme esthétique.
Pochez-les ensuite, entre quinze et vingt minutes, dans une eau frémissante en compagnie d’une bonne dose de pastis, d’une énorme pincée de 5 épices (Sichuan + fenouil + poivre +
Pendant ce temps, poêlez tout doux le boudin dans une noisette de beurre; dix minutes grosso modo. Puis extrayez la chair d’ébène de sa gaine. Pour en farcir les pommes, dont on aura au préalable poivré et épicé l’intérieur. N’oubliez pas le chapeau. Très important, le chapeau. Il faut bien le planquer dans son boudoir nain, le boudin noir.
A plouche
PS: Oui, il y a des garnitures nickel avec ça. Oui, il existe aussi des vins merveilleusement adaptés à la situation. Mais, voyez-vous, il faut savoir laisser le lectorat se déboudiner un peu tout seul. Notez que si 6798 personnes nous le demandent gentiment...