2009 semble être l’année de la percée de la 3D sur le grand écran. Après un frémissement en 2008 (Fly me to the moon, Volt), les grosses machines lancent chacune leur Skud dans la troisième dimension pour exploser le Box Office : Dreamworks (Monstres contre Aliens) Universal (Coraline), 20th Century Fox (Ice Age 3), Disney (L’étrange Noël de Scroodge)…
Les projets à venir sont tout aussi nombreux qu’alléchants, à commencer par Avatar de James Cameron, qui alimente la blogosphère ciné en continu depuis des semaines avec même pas 5 photos (cela fera l’objet d’un article ultérieurement). Sans oublier le prochain Tim Burton et les suites des animations célèbres, qui passent toutes en 3D pour l’occasion : Toy Story 3, Shrek 4 et autres Kung Fu Panda 2.
L’engouement est donc incontestable autour de cette « révolution technologique ». La 3D ne date pourtant pas d’hier : s’il est de notoriété publique que le film des frères Lumière L’arrivée du train en gare de La Ciotat est un des premiers films à avoir été diffusé dans les salles de cinéma, on sait moins qu’il est également le premier film à avoir été diffusé en stéréoscope, c’est-à-dire en 3D, et ce en 1934.
Mais ce n’est qu’à partir des années 50 que la 3D a connu un développement commercial, avec Bwana Devil (1952) puis Le crime était presque parfait (1954) et beaucoup d’autres entre 52 et 54. La 3D retomba pourtant vite dans l’oubli, faute de qualité technique (même si le public ne manquait pas une de ces sorties 3D).
On a assisté au retour de la 3D plusieurs fois depuis : 1974 (Deux films de Paul Morrissey sur Frankenstein et Dracula), 1983 (Jaws 3D, Vendredi 13 3D…), sans jamais que la mode ne prenne.
L’histoire du cinéma a donc été jalonnée depuis sa création par cette évolution technologique qui n’a pourtant jamais percé. Comme la domotique (vous savez, dès les années 50, et constamment depuis, on annonçait qu’on allumerait son four depuis son bureau), la 3D fait en quelque sorte partie de ces « technologies éternellement émergentes » (le terme est d’A. Bloch). A chaque époque on annonce une révolution qui va transformer le cinéma au même titre que le parlant ou la couleur.
Il faut bien dire que jusqu’à il y a peu on était encore loin de la panacée : la qualité n’était pas encore au rendez-vous, à la différence des maux de tête : la 3D restait un gadget que des réalisateurs audacieux essayaient comme un nouveau jouet.
Alors, cette fois-ci est-ce la bonne ? La nouvelle vague de la 3D sera-t-elle un Tsunami ? Beaucoup d’éléments concordent pour que cela soit le bon moment.
Il est vrai que les studios ont plus que jamais besoin de cette percée technologique. Tous les moyens sont bons pour contrecarrer le tassement des ventes DVD, surtout lorsque passer à la 3D n’a jamais été aussi simple (pour les grands studios d’animations du moins). D’autre part, les budget des blockbusters étant en train d’exploser, le surcoût engendré par la 3D est de plus en plus facile à amortir.
Pour les mêmes raisons, les exploitants ne sont pas en reste : Allocine annonce 50 salles 3d qui diffusent Up. En avril, CGR déclarait que 200 de ses salles seraient bientôt équipées pour la 3D… Même si le cinéma ne s’est jamais aussi bien porté, les investissements sont massifs dans le numérique et la 3D…
En bref, le marché de la 3D est prêt d’un point de vue économique .
Du point de vue technique et artistique cela est moins évident. Les lunettes restent d’une part une contrainte et les effets visuels restent inégaux, surtout lorsqu’il faut intégrer des sous-titres. Mais cela encore reste acceptable. C’est surtout d’un point de vue artistique que la transition reste à faire. Car si la 3D veut changer le point de vue du spectateur, elle doit d’abord et avant tout changer celui du réalisateur. Chaque plan, chaque mise en scène doit être repensée de façon à ce que le regard soit capté de la bonne façon. Un travail qui malheureusement n’a pas encore été fait. Up et Ice Age 3, pour ne citer qu’eux, sont de très bons films. Mais ce ne sont pas des films pour la 3D. Les plans ne sont pas vraiment prévus pour être mis en reliefs, sauf quelques scènes bricolées pour l’occasion. L’effet n’est quasiment jamais saisissant, et c’est cette dimension (la troisième, quoi !) qui manque encore au cinéma stéréoscopique. Pour l’instant, la 3D est un argument de vente, pas un art.
Impossible évidemment de prédire si cette fois la 3D va prendre, même si ce qui est sûr c’est que l’engouement actuel est plus important que jamais. Tout dépendra, comme toujours et heureusement, de la qualité des films qui seront proposés, et surtout sur la capacité des studios à rendre la 3D indispensable au spectateur. Un travail que James Cameron ou Tim Burton ont peut-être (sûrement) déjà fait.
Trouvez-vous aussi que la 3D reste a ce stade un gadget ?