Je vais vous raconter une histoire, qui m'est arrivé. Une histoire qui ne me grandira sans doute pas à vos yeux mais qui est la stricte réalité. Une histoire en rapport avec l'actualité socialiste.
Il fut un temps où des personnes très proches de moi appartenaient au MJS. Ils animaient la "fédé" (fédération, c'est-à-dire l'échelon départemental) de Seine-Saint-Denis. Nous étions en période de congrès, il me semble que c'était en 2004 (année de l'élection de Razzy Hammadi, non ?).
Or donc, le congrès MJS était bouclé. Il ne restait plus qu'à voter. Oui, dans cet ordre, un peu comme les urnes dans Astérix en Corse[1], si vous voyez ce que je veux dire. Le 93 était négocié comme devant revenir à un courant minoritaire, autrement dit, pas des fidèles de Hammadi (et par voix de conséquence, de Benoît Hamon).
Pour que la logique soit respectée, il fallait donc que le courant minoritaire en question, majoritaire au niveau des adhérents à jour de cotisation et actifs dans la fédé, ait des résultats qui correspondaient à la négociation. Mais pourquoi cela posait-il problème ? Pourquoi donc fallait-il négocier avant la tenue du scrutin si la majorité était acquise ?[2] Hé bien, il fallait négocier car sans ça, la majorité nationale aurait bordélisé le scrutin et pris la fédé, au prix de... bourrage d'urne et autre joyeusetés.
Pour ma part, je me suis contenté d'aller voter, avec une carte qui ne correspondait à personne, un nom inventé[3]. C'est assez drôle en y réfléchissant : la triche est quasiment institutionnalisée, tout le monde la connait, mais il faut préserver un minimum d'apparences. J'ai donc pris cette fausse carte, suis entré dans le bureau de vote MJS, ai signé puis posé le bon bulletin dans l'urne. C'était fini. J'aurais pu aller dans un autre des 3 bureaux de vote et faire pareil avec une autre carte, mais on ne me l'a pas demandé. C'était déjà beaucoup de ma part, pour quelqu'un qui n'était adhérent ni du MJS, ni du PS.
Le deal a été respecté, la minorité a obtenu le 93 et a pu bosser, relativement protégé. Les mois post-défaite de 2007 se sont par contre mal passés. Mais c'est une autre histoire.
Pourquoi raconté-je ça ?
Ce n'est pas par fierté. Ce n'est pas pour vous montrer que la politique c'est tous-pourris. Non. Mais pour illustrer la profonde gangrène de la machine socialiste, qui a contaminé jusqu'à son mouvement de jeunesse. Oh, ne croyez pas que les Verts soient exemptes de coups bas, de fumisteries électorales ou d'arrangements : mais pas à ce point, pas systématiquement, pas à ce niveau-là, pas à cette échelle. Enfin, si de telles pratiques sont assumées à ce point par des jeunes militants de moins de 30 ans, parfois cornaqués par des plus vieux briscards, cela montre à quel point le PS est malade et dépendant de ses pratiques.
Conclusion ? Le PS est réellement mal barré pour la suite, ces suspicions de tricherie permanente à tous les niveaux s'ajoutent à Reims, à la défaite des européennes, etc. etc.
Notes
[1] Où l'on apprend que l'on remplit les urnes, puis qu'on les jette puisque de toute façon on sait qui est le chef.
[2] C'est vrai, une élection n'est jamais sûre. Mais le nombre d'électeurs réduit dans ce genre de structure fait qu'il est assez facile de prévoir des résultats ; il suffit de connaître un peu son terrain.
[3] Certains font adhérer des équipes de foot, ça revient un peu au même.