Box office, ton univers impitoyable !
Eté meurtrier pour les films français, ce ne sont pas Denis Dercourt et Jennifer Devoldere, respectivement réalisateurs de « Demain dès l’Aube » et « Jusqu’à toi », qui me contrediront.
Trois petits tours (en l’occurrence trois petites semaines) et puis s’en vont, ainsi font les petits films français.
On commence avec l’ambitieux « Demain dès l’Aube », film contemporain mais en costumes, où un frère entraine son aîné en pleine crise dans des jeux de rôles napoléoniens. Après le successfull « Tourneuse de pages », Dercourt place deux hommes au centre de l’histoire, une petite histoire qui cherche à être la grande.
En faisant du cadet un second rôle plutôt qu’un égal contrepoint, le scénario se prive d’une grande partie de son intérêt.
Vincent Perez, discret sur les écrans ces dernières années, réendosse les costumes des films qui ont fait son succès à ses débuts, parfaite analogie entre l’acteur et le personnage et Jérémie Rénier livre la performance la plus troublante de sa carrière.
Même destin malheureux dans les salles pour le pourtant charmant premier film de Jennifer Devoldère. Certes un peu maladroit et souffrant d’une photographie approximative, « Jusqu’à toi » est porté par l’originalité de son pitch (une jeune femme tombe amoureuse en découvrant le contenu d’une valise) et la grâce de ses interprètes, Mélanie Laurent en tête.
« Partir » de Catherine Corsini est peut être le film français qui se dépatouille le mieux au box-office. Si la mise en situation ne convainc pas totalement, la suite est plus prenante grâce à un scénario qui trouve son originalité et sa force dans le chantage matériel que le mari fait à sa femme pour la ramener à lui. Les personnages ont une réelle profondeur psychologique mais celui de la femme, bien que brillamment interprété par Kristin Scott Thomas, ne suscite ni identification ni empathie. Faut dire qu’elle est quand même culottée de plaquer son bonhomme pour un autre et de le harceler ensuite pour lui réclamer des sous ! C’est finalement plus le rôle joué par Yvan Attal, bien qu’antipathique au départ, qui a notre compréhension.
Les frères Larrieu ne sont pas en reste, leurs « Derniers jours du Monde », pourtant largement soutenu par les médias, n’a pas attiré les foules. Ce bien étrange film intrigue mais ne touche pas. Les Larrieu versent dans la nudité gratuite et vulgaire et l’on peut facilement resté de marbre devant cette demoiselle dont s’entiche le héros. Le sentiment de malaise ou de panique face à cette fin du monde ne parvient pas jusqu’au spectateur. Voulant faire un film « somme », les frères Larrieu ont réalisé une œuvre bancale et hésitante plutôt brouillonne. Reste l’occasion de voir Catherine Frot dans un registre qui lui est peu coutumier.
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