Un hoax, c’est un canular basé sur le principe de la chaine. A la différence du spam, où il faut vraiment être crétin pour croire un mot du charabia envoyé par des clampins aux noms improbables, la diffusion du canular en chaîne, qui a toute l’apparence de la vérité, est basée sur la crédulité ou la bonne foi des internautes, qui font suivre ou qui répondent en croyant bien faire.
Le dernier que j’ai vu traîner en ligne essayait de nous mobiliser pour un enfant de 17 mois qui avait «besoin de toute urgence de sang B+ pour leucémie fulgurante. Appeler Francesco au 09xxxxxxxx». Ce message est à la fois vrai et faux. Vrai parce que, à l’origine, il y a sûrement eu un appel au public d’un hôpital pour un cas désespéré. Faux parce que l’information est maintenant vérolée. Ça date quand même un peu : outre que l’enfant en question n’existe peut-être pas, il est soit sauvé, soit décédé depuis longtemps. Je dis ça sans vouloir vexer ni choquer personne. Car le message, lui, continue de tourner. Il suffit de faire un copier-coller, et c’est reparti pour un tour. Un site comme hoaxbuster s’emploie à démonter les informations fausses, périmées, gonflées, récupérées… Mais il y a du boulot.
Vu la réputation de Facebook, ça m’étonnerait fort qu’un hôpital s’appuie sur un réseau social pour intervenir dans un protocole aussi précis. Et puis le numéro de téléphone sonne faux, rien qu’à le lire. Ça a l’air de se passer en Italie et il n’y a pas l’indicatif international ! Il doit y avoir un gars du côté de Milan ou de Trévise, qui a dû épuiser toutes les injures italiennes, depuis qu’il reçoit quotidiennement ses 500 coups de fil. Quant au B+, sans être le plus courant, ce groupe n’est pas rare du tout (voir tableau), et on ne voit pas à quoi ça servirait d’ameuter l’opinion internationale alors qu’un simple appel dans le quartier ou dans la ville devrait suffire.
Bon, tout ça pour dire que ça ne sert vraiment à rien de relayer ce genre d’infos. Le réflexe doit toujours être de vérifier. Et dans le doute, on ne fait RIEN. Surtout pas un autre message à toute la planète pour dire que c’est un canular : au pire, avertissez seulement celui ou celle qui vous l’a envoyé. Ça s’applique d’ailleurs à tout ce qui circule sur Internet, et qui vous paraît douteux.
Dans le genre hoax, avec un «x» comme dans «sexe», je reçois aussi des propositions de jeunes femmes russes, aux noms aussi affriolants que leurs formes (Griska, Oksanna…). J’imagine que les faire venir ne sera pas indolore pour mon compte en banque. Malheureusement pour leur business, les messages sont tous quasiment identiques. Je cite aussi pour mémoire les Africaines qui ont un magot à faire sortir de leur pays, après la mort de tout leur entourage, dans des circonstances abominables, et qui m’écrivent à moi pour partager. J’adorerais toucher 1 million de dollars. Mais je tiens encore plus à la vie, c’est bête, mais c’est comme ça. Blague à part, un blogueur a répondu à un de ces messages, et le résultat, hilarant, est ici. Merci Cécile d'avoir déniché cette perle.
Pour les journaux, ces pratiques sont pain béni. Cette américaine qui s’est fait escroquer quelques centaines de dollars par des gens qui ont piraté le compte d’une de ses amies a ainsi eu les honneurs des médias. Envoyer une somme conséquente suite à un simple mail, sans vérifier quoi que ce soit (ne serait-ce qu’en passant un coup de fil…), il faut quand même le faire. Nourrie de ce genre d’info débile, la cause d’internet est donc entendue depuis longtemps. Denis Olivennes (clairvoyant patron du Nouvel Obs, ex-Canal +, ex-Air France, ex-Ena) parle de «tout à l'égout de la démocratie». Comme si journaux et magazines étaient des modèles dans ce domaine. La Une du Post, le soi-disant blog du Monde, est constituée de titres avec un point d’interrogation à la fin. Vous pouvez dire n’importe quelle ânerie en mettant un point d’interrogation à la fin. Du style «Loana remariée avec David Douillet ?» Quand on n’est pas sûr, en principe, on ne publie pas. Là, on peut toujours risquer un truc sur le Post. A leurs yeux, ça n’a aucune valeur puisque c’est sur internet.
Dans le déluge d’imbécilités qui abreuvent nos sillons, nos statuts et nos boîtes à lettres, les bons vieux spams en paraitraient presque sympathiques. Ils ont mis des couleurs à leurs pilules de Viagra, dernièrement. Si c’est pas mignon, du jaune, du bleu, du rouge... C’est pour vous dire à quel point ces gens-là se donnent du mal. Et je commence à regretter qu’on ne me propose plus d’agrandir mon pénis. Si ça se trouve, ça marche...