Rencontre maintenant avec So, qui analyse les stratégies de l’industrie cosmétique sur son blog (dé)maquillages :
Je suis dans l’industrie cosmétique depuis une dizaine d’années : biologiste de formation, j’ai une spécialisation en cosmétologie et j’ai commencé à travailler en recherche et développement, puis j’ai évolué vers le marketing et la communication. J’ai participé au lancement de la première gamme bio d’Oenobiol au moment de la création du label Ecocert. J’ai été ensuite responsable marketing d’Icy Beauty, une marque cosmétique novatrice vendue chez Colette, qui proposait des produits dans des emballages auto-réfrigérants. Malheureusement, elle n’existe plus aujourd’hui, victime de la crise, mais cela reste une expérience passionnante, parce qu’il y avait véritablement une avancée technologique à la base. J’ai également collaboré avec L’Oréal pour une mission à la direction de l’innovation.
Pendant ma période de recherche d’emploi après la disparition d’Icy Beauty, je suis partie en Inde pour une mission humanitaire, puis j’ai commencé mon blog pour ne pas perdre mon expertise cosmétique, faire un travail de veille et nouer des contacts. Je souhaite maintenant travailler en tant que consultante pour des marques cosmétiques de niche – certaines m’ont déjà sollicitée.
Tu as travaillé pour le lancement d’une gamme bio, tu es donc sensible à au développement durable ?
Les entreprises ne peuvent plus se passer d’une réflexion approfondie à propos du développement durable, il leur est indispensable aujourd’hui de penser à l’impact social et environnemental de leur activité. Concernant le monde de la beauté, par exemple, l’exploitation de l’huile de palme provoque de gros dégâts en Indonésie et les emballages plastique sont à l’origine de nombreuses pollutions. Par ailleurs, l’industrie cosmétique offre des produits “plaisir”, et c’est pourquoi l’incarnation de certaines valeurs y est bien plus importante que dans d’autres domaines. Le développement durable n’est donc, à mon avis, pas une mode mais une nécessité. Il est devenu un besoin stratégique des marques de bien-être, même si elles ne communiquent pas forcément à ce propos.
Les projets sociaux m’intéressent depuis toujours. Je ne suis pas bio addict mais en tant que scientifique, ayant travaillé en nutrition et en cosmétique, je pense que c’est une tendance de fond. Le côté positif de cette tendance est que les entreprises investissent pour rendre le naturel accessible. Même si c’est en partie à cause d’une mode, les avancées scientifiques dans ce domaine ont été remarquables ces cinq dernières années. D’ailleurs, le nouveau label NaTrue devrait permettre de distinguer les marques qui surfent sur la tendance des marques véritablement sérieuses.
Pour finir, y a-t-il une marque bio ou équitable que tu suis particulièrement ?
J’aime l’exemple de Natura Brasil : pas de greenwashing mais une philosophie globale – être en harmonie avec soi-même, avec les autres et avec la nature – avec une vraie politique globale intraentreprise. Sans matraquage médiatique, la marque affiche un discours cohérent avec sa stratégie sociale.
J’aime les marques comme celles-là dans notre époque nombriliste qui a besoin d’engagement et de valeurs. Acheter un produit cosmétique, c’est montrer un certain choix de vie. La tendance actuelle en cosmétique correspond à une recherche d’authenticité, de réassurance, de simplicité, de repères, d’où le succès des recettes de grand-mères.