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Nos socialistes à l’iranienne

Publié le 10 septembre 2009 par Argoul

Le livre qui vient de faire polémique sur le parti socialiste n’apporte rien de neuf, dit-on. Il se contente de répéter ce que tout le monde savait déjà, plus ou moins. Il n’empêche qu’en démocratie il est heureux de répéter. Si la démagogie use du zapping et de la fuite en avant, la démocratie ne va jamais sans réflexion ni mûrissement, ce qui demande du temps.

Or nous nous apercevons que la « démocratie » vue du parti socialiste ressemble fort à la « démocratie » à l’iranienne, vue par les Pasdaran de M. Ahmadinejad : certitude de posséder la Vérité, bourrage des urnes et intimidation de tout opposant par la police politique. Oh, certes ! le PS français n’en est pas tout à fait là, mais les cadres conceptuels de telles extrémités sont bien présents si l’on en croit les élections au dernier congrès. Après tout, qu’a donc fait M. Ahmadinejad que les aubrystes n’ont tenté ? Prendre le pouvoir par tous les moyens…

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Vrai ou fausse querelle pour le parti socialiste ? Nul ne saura jamais – mais cette obscurité même discrédite à la fois le parti et le socialisme à la française. Qui voudrait d’élections manipulées, d’intimidations en chaîne, de terrorisme intellectuel ? C’est pourtant bien ce que montre le PS dans ses querelles internes. Ses militants et ses élus sont encore de la génération biberonnée à la vulgate marxiste revue par Staline, où la Ligne compte avant les hommes, où l’utopie disparaît devant les « nécessités » de l’heure : acquérir le pouvoir, garder le pouvoir, empêcher tout autre de reprendre le pouvoir.

Dès lors, l’utopie généreuse du socialisme est renvoyée à plus tard – toujours. « Demain » on rasera gratis, mais aujourd’hui c’est mobilisation générale, fermeture de gueule et doigts sur la couture du pantalon. « J’veux voir qu’une tête, scrogneugneu ! » Et dénoncez les déviants comme en Allemagne de l’est : la moitié de la population comme indics ! Vous me direz, est-ce différent à droite ? Peut-être pas, mais c’est moins hypocrite : le chef décide après réunion des barons et tout est clair pour tout le monde. Pas au parti socialiste où l’on se croit obligé de chanter les louanges de la « démocratie » tout en l’appliquant de façon biaisée, manipulée, clanique.

Car le grand problème socialiste français est là : dans le clanisme. Le parti est un amalgame d’élus qui vont à la soupe et de militants impuissants car inaudibles. Pour être élu, une seule voie : obéir. D’où ces votes comme un seul homme dans certaines « fédérations »… Est-ce cela la « démocratie » socialiste ? Le culte du cheffaillon local masqué par les grands mots issus de 1789 ou 1793 ? La « démocratie en danger » - si l’on en croit les socialistes parlant du président Sarkozy – ne servirait que de paravent pour les petites magouilles entre « amis » des fédérations.

Qu’importe le livre des journalistes sur le PS, qu’importe qu’il soit compilé, mal écrit et bâclé comme on le dit. Son mérite est de rappeler des évidences : la démocratie n’est pas une incantation, ni un voile intégral – mais une pratique vivante de chaque jour. Si le parti socialiste est incapable de vivre la démocratie en son sein même, pourquoi en serait-il capable en gouvernant la France ? Les expériences depuis Mitterrand 1 le montrent bien : ressentiment politique, caporalisme économique, démagogie sociale. Les Français ne sont pas dupes, ce pourquoi ils migrent massivement vers les doux écolos, bordéliques et marrants. Ils sont probablement plus « démocratiques » que les moralistes coincés tendance Aubry ou les éternels choqués tendance Madone - qui prévoit une énième Déclaration Solennelle on ne sait quand.

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