Un passage d'une de mes lectures d'hier m'a refait penser à l'université d'été de l'ADELS qui se déroulait le week-end dernier. On y retrouve deux aspects qui ont fait l'objet d'un billet : la définition de la pauvreté et la question de l'espérance de vie. On notera d'ailleurs que cette dernière question est à prendre avec des pincettes. Est-ce vraiment une valeur partagée par tout le monde ? Que dire des gens qui veulent mourir jeunes ? Quelle est la place au consentement ? Pour ceux qui développent des maladies professionnelles en tout cas, ou d'autres maladies des temps modernes tout à fait subies, la question ne se pose pas. Comme dans le texte qui suit :
Kende* propose une tentative de décomposition simple de l'idée de progrès. Il en distingue six acceptations :
- l'amélioration du bien-être physique (réduction des peines physiques attachées au travail et plus généralement à toute activité humaine, multiplication des biens d'usage individuel ou collectif ;
- mise au point de nouvelles inventions élargissant soit la gamme des commodités disponibles, soit le pouvoir humain au sens large ; accroissement du temps de loisir) ;
- la protection et l'allongement de la vie humaine ;
- la qualité de la vie humaine ;
- la rationalisation des efforts ;
- l'élargissement du savoir humain et l'accumulation des œuvres de culture ;
- le postulat de justice.
On aurait envie d'ajouter :
- l'accroissement des libertés individuelles et publiques ;
- une meilleure égalité ;
- l'augmentation de la participation de tous à la vie démocratique.
Extrait de : Dominique Méda, Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, Flammarion, 2008, p.154.
* Pierre Kende, L'abondance est-elle possible ? Gallimard, 1971, à partir de la page 50.
L'ensemble du livre de Méda décortique les aspects les plus criticables du PIB comme indicateur de progrès. C'est d'ailleurs pour ça que d'autres indicateurs ont été créés, comme le coefficient de GINI, l'IDH ou le BIP 40.
Dans l'analyse de Kende, je suppose qu'une meilleure égalité est entendue en terme de revenus, puisque la dernière proposition relève de l'égalité politique. Ces deux derniers aspects étaient au coeur du projet de l'ADELS tel que les participants le définissaient. On a eu à ce propos un remue-méninge intéressant, où chaque participant était appelé à écrire un texte, puis à négocier avec son voisin ce qu'il voulait garder en fusionnant leur texte, puis le binôme rejoignait un autre binôme et ainsi de suite. Les valeurs qui sont ressorties étaient l'égalité politique effective, l'émancipation sociale et la justice sociale. Une sorte de Liberté, Égalité, Fraternité revisitée.