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Reconduire les 22 : fausse bonne idée ?

Publié le 12 octobre 2007 par Pierre Salviac

Contrairement au consensus général, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de reconduire contre l’Angleterre les 22 qui ont battu la Nouvelle-Zélande.

Voici mes raisons :

1) Les leçons de l’histoire : On l’oublie souvent, mais si Bernard Laporte fait souvent tourner son équipe, c’est en grande partie suite à la tournée d’automne 2004. Lors de cette tournée, il a reconduit contre l’Argentine l’équipe qui avait battu l’Australie une semaine plus tôt. Certains joueurs étaient épuisés et les français ont encaissé face au combat d’avants proposé par les argentins leur première défaite à Marseille... Depuis, B. Laporte n’a plus jamais reconduit les mêmes 22 jusqu’à aujourd’hui.

2) La stratégie : contre les All Blacks, B. Laporte a créé la surprise en prenant le risque de faire jouer à l’arrière le centre Traille et à l’ouverture le débutant Beauxis. Les raisons invoquées étaient la mise en oeuvre d’un schéma tactique adapté tout particulièrement au jeu All Black et l’exploitation d’un vivier riche permettant d’adapter la composition au schéma tactique. Pourtant, l’Angleterre va de toute évidence proposer samedi un schéma de jeu complétement différent de celui proposé par les joueurs à la fougère. On peut donc se poser la question de savoir si notre schéma et la composition qui va avec, optimisé pour le jeu des blacks, ne seront pas inadaptés au jeu anglais.

3) Les lois du physique : le match historique de samedi dernier nous a permis d’assister à un combat d’une intensité exceptionnelle, que ce soit au niveau du rythme ou de la violence des contacts. Il semble évident que le physique des joueurs en aura gardé des traces au bout d’une semaine et qu’il sera donc difficile de reproduire le même niveau d’engagement. A ce titre, puisque nous avons un groupe de 30 joueurs du même niveau, pourquoi ne pas introduire des joueurs frais ?

4) L’effet de surprise éventé : contre le Pays de Galles au mois d’aout, B. Laporte avait essayé Cédric Heymans avec succès au poste d’arrière, et peut-être les gallois n’avaient-ils pas su exploiter les conséquences de ce choix. Quelques semaines plus tard, les argentins ont ciblé avec le succès que l’on sait notre arrière qu’ils avaient identifié comme un possible maillon faible sur le plan défensif, en raison de son manque d’expérience internationale du poste. Samedi dernier, il me semble que les zélandais ont assez peu ciblé nos "inexpérimentés" Beauxis et Traille, alors que les anglais n’y manqueront sans doute pas...

Malgré tout, il me reste des raisons d’espérer et de ne pas totalement rejeter les choix faits par le sélectionneur pour ce match

1) La préparation physique semble avoir été d’un excellent niveau, ce qui pourrait résoudre le problème de la fatigue. La question se reposera toutefois si l’équipe accède en finale : est-il possible pour les 22 de reproduire 3 semaines de suite un effort d’une telle intensité ?

2) Même si on l’a peu vu la semaine dernière, l’équipe mise en place n’est pas limitée à un seul type de jeu, même sans ses "impact players" : la ligne de trois quarts est sans doute l’une des plus offensives depuis longtemps, même si notre arrière est peu habitué aux subtilités du poste en attaque.

3) Je pense B. Laporte suffisamment malin pour avoir pu trompé son monde. Ainsi, contrairement aux apparences, je crois que le jeu proposé samedi par nos bleus sera beaucoup plus ambitieux que celui proposé face à l’ogre champion de l’entre-coupes-du-monde. Une petite entourloupe de demi de mêlée façon "je prends les même mais je change tout", qui me plairait beaucoup...

Signé : DG


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