See ya Ewen!

Publié le 09 septembre 2009 par Sudrugby

Après une semaine de vacances bien méritée dans les pays de l’Est, me voici de retour pour faire revivre ce blog. Au lieu de faire le résumé des deux derniers matchs opposant les Wallabies aux Springboks pour le compte des Tri Nations (la victoire Australienne peut en partie être expliquée grâce aux raisons citées dans mon article sur la relève Australienne), cet article traite d’une des plus grande supercherie du rugby Australien dont vient d’être victime le Stade Français, la seconde après John Connolly il y a quelques années. Les victimes collatérales se nomment Christophe Dominici et Fabrice Landreau. Désormais le duo Delmas-Faugeron auront la dure tâche de faire gagner un effectif modelé à la « McKenzie ».

Qui a les plus gros bras ?

A mon retour de Sydney vers Paris début 2008, je restais sur une saison catastrophique en tout point du rugby Australien. Après les victoires « exceptionnelles » des Wallabies sur le Canada, le Japon, les îles Fidji et le Pays de Galles (je suis ironique bien entendu), ils se sont misérablement inclinés face aux Anglais sans jamais proposer de jeu. Bien entendu, avec John Connolly aux commandes il ne faut pas s’en étonner. Dans le même temps, les Queensland Reds finissaient à la dernière place tout juste précédés par les NSW Waratahs de… Ewen McKenzie. L’année suivante les Tahs atteignent miraculeusement la finale d’un Super 14 avec des stars fatiguées ou parties jouer en Europe.  Malgré tout le rugby board du NSW décide de se séparer de McKenzie à cause de son passif et de ses nombreux échecs à la tête du club malgré tout le potentiel qu’il avait sous la main. Alors ma surprise fût assez grande quand après le départ de Fabien Galthié j’ai lu dans la presse que Max Guazzini courtisait Ewen McKenzie, ancien grand pilier des Wallabies, entraîneur à succès down under et maitrisant parfaitement le Français après un passage au PUC pendant son adolescence. Si son passé de joueur est en effet exceptionnel, il n’en demeure pas moins que la presse Française aurait dû s’intéresser plus profondément à la carrière de l’ancien pilier Australien. Nous voilà donc avec une triplette d’entraîneurs improbable (un Landreau qui fait l’unanimité, un Dominici qui débute et un coach Australien quasi-inconnu pour chapeauter le tout). Le flair de Guazzini n’a pas fonctionné cette fois-ci. Mais pour mieux comprendre pourquoi son échec était prémédité, il faut déjà voir ce que l’on pense sur l’île continent.

Gasnier, sa nouvelle idole du XIII

Son licenciement des NSW Waratahs en 2008 avait été considéré à l’époque comme plutôt brutal car à la fin de l’année 2007 la fédération lui avait affirmé qu’il serait maintenu s’il atteignait les demi-finales. Cependant malgré la présence des Tahs en finale il avait été remercié après 5 ans de services puis remplacé par Chris Hickey, l’ancien coach d’Eastwood. Que lui reproche t’on exactement ? Essentiellement une stagnation, voire une régression du niveau général de la province sous son mandat. Il n’était certes pas responsable de la politique sportive menée par l’ARU, mais ses choix en hommes ainsi que son sens tactique ont été sérieusement remis en doute. La critique la plus acerbe est venue d’un ancien coach et joueur des Waratahs sous couvert d’anonymat (mais vraisemblablement Bob Dwyer).
” L’homme est un coach professionnel et en tant que tel il est responsable. Depuis quelques années nous sommes témoins de son absence de vision, de son étalage de clichés et de jargons et de sa trop grande éloquence aussi sur que hors du terrain. A t’il déjà dirigé le club et ses joueurs pour atteindre des normes d’excellence ? Nous avons eu droit chaque semaine à ses discours robotisés, sans passion, sans direction et sans technique. Des commentaires prétendent actuellement que le coach des arrières devrait prendre sa place, mais si son assistant avait eu des qualités elles auraient du impacter sur les performances de l’équipe actuelle. Je pourrais dire actuellement, avec tout le respect que j’ai pour les anciens Waratahs, que je ne peux pas appeler l’équipe du Super 14 que je vois actuellement les NSW Waratahs ! “
Des propos durs mais réalistes tant Ewen McKenzie s’est entêté dans des choix désastreux qui ont fait des Tahs de l’époque une des équipes les plus prévisibles et surtout déprimante à regarder. A son passif donc en premier lieu, le départ de Matt Burke, essentiel pour encadrer les jeunes joueurs, et qu’il a plus ou moins sorti de l’équipe pour asseoir son autorité. Le gâchis Peter Hewatt peut lui être attribué, tant aussi bien que John Connolly n’ont pas sur développer les qualités de ce joueur qui avait de quoi mettre Chris Latham sur la touche. Ce dernier a été prié de quitter l’île pour éviter le scandale de sa non-sélection et l’embarras de la fédération. En cinq ans aucun ouvreur de grand talent n’a su se révéler dans le système stéréotyper de l’ancien pilier. Sam Norton-Knight n’a pas réussi à s’imposer mais heureusement que Kurtley Beale n’est pas resté longtemps sous les ordres d’Ewen. Il n’a pas assez fait confiance à de jeunes joueurs à fort potentiel au contraire de son successeur, on a donc vu des hommes comme Stephen Hoiles et Josh Holmes partir se bruler les ailes vers d’autres franchises. On lui reproche également la confiance abusive faite aux joueurs issus du rugby à XIII comme Lote Tuqiri, essentiellement venus pour prendre l’argent sans montrer quoi que ce soit. Et enfin, last but not least, sa tactique a été jugée trop défensive, l’équipe évoluant comme une formation de rugby league, cherchant systématiquement le contact au lieu d’essayer de trouver les intervalles et de faire du « beau jeu ». Même au niveau des lignes arrières le jeu était trop axé physique, perforation et puissance… et pourtant la province évoluait bien en Super 14, pas en NRL. Son départ à fait le plus grand bien au Waratahs qui petit à petit se sont débarrassés des restes de l’ère McKenzie et possèdent une stratégie de développement intéressante qui pourrait les amener au titre dès cette année.

Ewen heureux!

Malheureusement le Stade Français n’a pas eu cette chance et Max Guazzini a eu l’intelligence d’arrêter les frais rapidement. Même si McKenzie repars avec un gros chèque, il aura laissé au Stade Français un effectif à son image et aura tenter d’appliquer en Europe une tactique qui ne marchait pas déjà pas dans le sud. Son premier choix à été de signer Mark Gasnier, star du rugby à XIII Australien avec Illawara. Malgré la gentillesse de la presse à son écart, ce mec n’a jamais rien montré d’intéressant sur un terrain de rugby à XV et a donc déçu aux postes où il a joué. Pour avoir un bon retour sur investissement il a donc été positionné à l’aile, ce qui prouve le respect que l’Australien à pour ce poste stratégique. Ensuite les petits gabarits ont sauté, exit les Albouy, Saubade, Arias, Jeanjean, Glas ou Bouhraoua, tous confirmés ou bons espoirs, pour privilégier le contact et le physique. Faire évoluer Liebenberg à l’ouverture est un crime contre le rugby quand Beauxis et Hernandez sont aussi sur le terrain. Malgré une saison relativement aux commandes de l’effectif de Fabien Galthié, il décide de se séparer des cadres historiques comme Blin, Auradou ou Pichot. Même si le départ de Juan Martin Hernandez ne peut pas être inscrit à son passif, son recrutement en dit long sur ses intentions de jeu. Southwell, Phillips, Haskell, Palmer, Gerber, autrement dit que de la finesse (toujours de l’ironie) et de l’Anglo-saxon. Seuls Kayser et Dupuis de retour de Leicester pour donner une touche bleue blanc rouge à ce recrutement. Chronique d’une mort annoncée… cinq matchs, une place d’avant dernier, et un niveau de jeu déplorable. Max Guazzini a eu la bonne idée, comme à l’époque de George Coste, de renvoyer son entraîneur avant la fin de saison, même si cette fois ci je ne suis pas convaincu par les remplaçants, Dominici méritant une seconde chance. Mais ce sera toujours mieux qu’Ewen McKenzie !

Si Melbourne obtient la 15e franchise du futur Super 15, l’Australien est le plus indiqué pour prendre en charge l’équipe. Good Luck my Victorians friends ! L’expression bien connue dit « Jamais deux sans trois », alors quel nouvel entraîneur Australien va venir coacher le Stade Français après John Connolly et Ewen McKenzie ? Eddie Jones ? Lawrie Fisher ? Tim Lane ? J’en tremble d’avance.