Le garçon au pyjama rayé

Publié le 09 septembre 2009 par Lael69
John Boyne
Gallimard Jeunesse
Traduit de l'Anglais par Catherine Gibert
Paru en Septembre 2009
185 pages
Quatrième de couverture: Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre. On dira simplement qu'il s'agit de l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l'autre côté d'une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent les hommes et qui ne devraient pas exister. Une lecture d'une force inoubliable.

Lorsque Bruno voit Maria, la domestique de maison en train de faire ses valises, le petit garçon est dans l'incompréhension. Pour seule réponse, il obtient que son père a changé de travail...Bruno est en colère, il est triste et ne veut pas quitter Berlin, la ville où il a tous ses amis. Ce sentiment se fait de plus en plus fort quand, arrivé à Hoche-Vite, il découvre une maison sombre, froide et peu chaleureuse. Il ne peut compter sur l'aide de sa soeur Gretel, car les deux enfants se disputent à la moindre occasion. Mais Bruno va découvrir un bien étrange spectacle depuis la fenêtre de sa chambre: au loin, une barrière. De l'autre côté, des gens marchent lugubrement... Encore plus étrange, Bruno constate que tous ces gens portent les mêmes vêtements: un pyjama rayé.
Le garçon au pyjama rayé est un livre jeunesse dont la réputation n'est plus à faire. Réédité par les éditions Gallimard Jeunesse, ce roman m'avait toujours fait peur... Les Juifs, la Seconde Guerre Mondiale, la déportation sont des thèmes violents, forts et non dénués d'une vive émotion. Et pourtant j'ai adoré ce roman: la vision d'un enfant, d'un petit allemand qui part en exploration, poussé par la curiosité et l'ennui, et qui va découvrir une barrière. Une barrière entre deux mondes opposés, entre deux cultures différentes. Une barrière qui symbolise la différence, la discrimination; le symbole d'une idéologie méprisable, mais qui reste incomprise par l'innocence même. John Boyne expose de manière forte, tendre et parfois assez drôle ce thème très dur; cette vision de l'enfance sur une idéologie qui n'a pas de sens, qui ne devrait pas exister: les camps de concentration. Une réalité historique qui prend une tournure encore plus puissante quand celle-ci est découverte par les yeux neufs d'un enfant. Un regard nouveau, naïf et ô combien bouleversant sur cette barrière qui empêche deux enfants du même âge de vivre leur amitié. Cependant, malgré cet obstacle, Bruno et Schmuel crée ce lien indéfinissable. C'est beau, tellement vrai et si simple à la fois. Autre point fort de ce roman très bien raconté est l'opposition des perceptions: Bruno qui ne saisit pas très bien ce qui arrive à Schmuel et voit son père comme un homme bon; alors que Schmuel voit les soldats comme des êtres horribles et qui le font souffrir. Ecrit avec une grande subtilité, l'idée de confronter cette vision du monde nazi par le regard de deux enfants: l'un allemand, l'autre juif est intéressante. La fin quant à elle m'a laissé chaos: un roman qui en dit beaucoup, une écriture poignante, deux enfants qui resteront dans nos mémoires...
Un grand merci à Véronique et aux
éditions Gallimard Jeunesse pour l'envoi du roman. Merci pour m'avoir appris à aimer ces romans sur des sujets difficiles mais qui ont besoin d'être lus!

5/5 champignons