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Je viens de terminer la lecture du roman "o remorso de baltazar serapião", écrit par un jeune artiste dont la notoriété n'arrête pas de grimper au Portugal, valter hugo mae - attention, il faut écrire son nom en minuscule, il y tient... C'est un livre très étrange et très cru, écrit à grands coups de poing ou de hache, dans une langue folle mi-archaïque mi-poétique qui jaillit comme un torrent et qui emporte tout sur son passage, ponctuations, majuscules, grammaire ...Pris dès les premières lignes dans la tourmente, on s'habitue très vite au style baroque de la narration et on poursuit la lecture haletante jusqu'au dénouement tragique.Un récit sombre et sans aucune pitié. On est en plein Moyen-âge, dans un milieu rural pauvre dominé par le système féodal, on plonge dans la tête d'un paysan du nom de Baltazar, une brute odieuse et stupide, mais non dénuée de coeur (à sa manière) qui, après avoir épousé une superbe fille du village, tombe dans le vertige de la jalousie, à l'idée que son Ermesinda est, peut-être, la proie du Seigneur Afonso. Rongé par les soupçons, tel Macbeth, Baltazar va pousser très loin l'éducation de sa femme et l'affirmation de sa propriété.C'est un livre qui se lit très vite et qui dénonce de façon rageuse les violences dont étaient, dont sont encore, victimes les femmes par rapport à la domination de l'homme. Des formes d'oppression qui continuent d'exister de nos jours, même dans nos civilisations "évoluées".Cela dit, certaines choses ne sont pas sans me gêner dans la démarche de valter hugo mae. Sa virtuosité linguistique, son goût pour les images choc et les situations "affreuses, sales et méchantes" sont le trait hyper-dominant du roman, jettant aux oubliettes toute subtilité psychologique ou semblant d'émotion. On est plutôt dans une sorte de cauchemar fellinien teinté de Lynch et de Verhoeven - c'est sûr, on en prend plein l'estomac...