La légitimité du suffrage universel repose notamment sur l’assurance que les électeurs puissent exercer entièrement et sans entrave leur jugement personnel quant au choix qui leur incombe. Cette garantie n’est pas que matérielle, comme la sécurisation et la confidentialité du scrutin. Son champ d’application concerne également la fixation de règles électorales préservant la capacité de tout citoyen à se prononcer dans les urnes ou s’abstenir. L’âge minimal requis pour participer au vote relève de ces règles. Fixé à dix-huit ans, le principal syndicat lycéen relance le débat pour un passage à seize ans. Il est toujours délicat de déterminer une limite attachée à la personne pour tout exercice d’un droit dont les effets concernent la collectivité. La majorité intellectuelle, celle qui permet à l’individu de décider après réflexion ses propres arbitrages, ne s’acquiert pas universellement à un instant précis de l’existence. Certains disposent d’une conscience politique plus avancée que d’autres au même âge, voire vis-à-vis de leurs ainés. Seulement la démocratie a besoin pour exister de modes de fonctionnement qui s’appliquent à tous, sans distinction, sans exception, dans les mêmes proportions et aux mêmes conditions. Le principe du cas général est donc le plus adéquat pour légiférer sur des seuils, l’objectif étant que la minorité ne se retrouvant forcément pas dans le dispositif décidé soit la plus infime possible. Seize ans est certes un âge avancé dans l’adolescence, laquelle débute de plus en plus tôt aujourd’hui comparativement aux décennies qui nous précèdent, sans pour autant que l’entrée à l’âge adulte soit plus rapide de nos jours. Il n’empêche que les adolescents de seize ans sont généralement plus sensibles qu’à dix-huit ans aux effets de masse, aux influences de leur environnement, qu’il s’agisse de la cellule familiale ou du cercle d’amis. Les jeunes gens sont aussi moins bien armés face à la manipulation ou au prosélytisme à caractère politique. Ainsi, la proposition de diminuer l’âge relatif au droit de vote ne constituerait aucunement une avancée démocratique.
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