L'AGEFI du 12 octobre 2007
La Banque centrale européenne (BCE) reste sur ses gardes. Convaincue que les risques sur les perspectives de croissance en zone euro sont orientés à la baisse, l'autorité monétaire a rappelé hier, dans son bulletin mensuel d'octobre, que le processus actuel de réapparition des risques pouvait avoir un impact potentiel plus large sur la confiance et les conditions de financement. Cet ajustement sur les marchés financiers couplé à la forte volatilité rend son appréciation de la conjoncture économique beaucoup plus incertaine. Des propos en ligne avec ceux de son président, Jean-Claude Tricher, prononcés la semaine dernière après le statu quo monétaire. "En somme, le bulletin de la BCE prône une attitude d'attentisme monétaire en matière de politique monétaire'", note Citigroup.
De fait, la BCE maintient sa prudence quand à l'évolution d'une quelconque répercussion de la crise financière sur l'économie réelle. Elle juge "nécessaire de recueillir des informations supplémentaires et d'éxaminer de nouvelles données avant de pouvoir tirer de nouvelles conclusions pour la politique monétaire dans le cadre de la stratégie à moyen terme de la BCE, axée sur le maintien de la stabilité des prix".
Alors que les prévisions disponibles pour 2008 confirment le principal scénario du conseil des gouverneurs d'une croissance réelle du PIB autour de son potentiel, les risques sur les prix sont pour la BCE à la hausse. Le conseil prévoit un taux d'inflation au-dessus de 2% d'ici à début 2008 avant de se modérer autour de la cible. L'autorité envisage une possible hausse des prix du pétrole, des produits agricoles, des prix administrés et des impôts indirects. A moyen/long terme, les taux de croissance de la masse monétaire et du crédit, certes portés par des facteurs temporaires comme la volatilité, confirment les risques haussiers sur la stabilité des prix.
"Alors que les faucons au sein de la BCE voulaient initialement relever les taux jusqu'à 4,50% d'ici à décembre 2007, l'euro fort et les turbulences sur les marchés financiers ont poussé la Banque centrale à temporiser avec un biais résiduel au resserrement", rappelle Bank of America. Pour la banque, une fois que l'économie américaine aura surmonté sa douce correction et que l'amorce du boom de la consommation au coeur de l'Europe commencera à se déployer, la BCE choisira probablement un point de vue modérément restrictif.