Exclusif ActuaLitté : Une présentation de la nouvelle version du Salon du livre 2010 se déroulait hier, au SNE. L'événement se tournera vers l'édition française, et n'aura donc pas d'invité d'honneur comme c'est le cas chaque année.
On fait cependant état d'une hausse des prix des stands qui, hier, n'a semble-t-il pas enchanté les éditeurs, petits et moyens.
L'édition indépendante dans la tourmente
Les différents éditeurs que nous avons contactés n'ont pas spécialement été prolixes sur le sujet. Un élément se dégage cependant : c'est dans la perspective de remettre en cause l'ancien système de location d'espace mis en place, défavorable aux petits éditeurs, qu'un nouveau a été instauré.
« Oui, mais par une étrange alchimie, il s'avère finalement que les petits et moyens éditeurs vont finalement payer plus cher qu'avec l'ancienne formule », nous explique un éditeur par email. « C'est une nouvelle répartition des frais, en effet, mais qui équivaut à une hausse, finalement », poursuit un autre.
Toute l'édition française à l'honneur. Toute ?
Pour cette édition, le président du SNE, Serge Eyrolles, avait assuré une véritable « envie de communiquer, l'année prochaine, sur autre chose qu'un pays invité, et de proposer aux lecteurs des rencontres inédites avec leurs auteurs préférés ». Rappelons que l'édition 2010 fera partie des dernières à la Porte de Versailles, puisqu'en 2013, il est prévu que l'on déménage au Grand Palais, pour des raisons économiques.
Un tarif qui double et un grand bazar
La situation est cependant loin d'être évidente et claire. Durant sa présentation, M. Bertrand Morisset aura expliqué les nouveaux tarifs de cette année pour les éditeurs réalisant moins de 500.000 € de chiffre d'affaires (le critère pour définir un Petit é&diteur indépendant). Ces nouveaux prix étaient destinés à aider l'édition indépendante, expliqua-t-il - et certains présents dans la salle se sont pris à rêver d'entendre le terme de bibliodiversité. En vain.
Concrètement, on fait table rase des services à la carte d'avant, expliquera M. Morrisset, et l'on propose une formule qui sera uniforme cette année. L'Association L'autre livre nous explique pourtant que les services à la carte... personne n'en avait trop entendu parler avant. D'autre part, les éditeurs indépendants qui avaient reçu voilà quelques semaines des tarifs précis se seront retrouvés assez étonnés de constater que ceux que l'on présentait hier... n'étaient pas du tout les mêmes.
Mais l'augmentation est certaine et les tarifs annoncés font doubler la somme à investir par rapport à 2009. Sans que les concernés ne sachent ce dont ils bénéficieront réellement dans la formule qu'ils choisiront. « On ne sait plus où l'on en est », nous confie une maison. D'autant que M. Morisset, dès qu'un éditeur intervenait pour faire valoir son cas particulier répondait par un "On peut s'arranger" qui n'avait rien pour uniformiser la situation.
Le regroupement d'éditeurs, certes, mais comment ?
Pour faire bonne figure, on annonce cependant que les éditeurs indépendants pourront toujours se regrouper, voire même prendre contact avec la région à laquelle ils appartiennent pour disposer de prix plus intéressants. Le hic, c'est que les régions, une fois contactées, assurent qu'elles ont, elles, reçu les mêmes propositions tarifaires que l'an passé. On en vient à douter des nobles intentions de ReedExpo et de son aide aux éditeurs indépendants.
« Impossible pour nous d'accepter ces tarifs, bien trop élevés », nous explique L'autre livre. Des tarifs trop chers et contre lesquels on ne peut pourtant rien faire. « C'est une entreprise privée, mandatée par le SNE qui organise le Salon et qui fixe donc les tarifs qu'elle veut. Nous ne pouvons pas nous battre contre leur politique tarifaire : si le Salon était organisé par le public, on pourrait encore descendre dans la rue, mais là... »
Engagez-vous, vous paierez moins cher !
Alors quelle solution ? « On nous a bien proposé une alternative simple : adhérer au Syndicat national de l'édition, pour économiser entre 30 et 40 %. Mais même avec ce genre de conditions préférentielles, les prix restent trop hauts. » Alors quoi ? Organiser un salon indépendant en marge de celui du Salon du livre de Paris ? Une solution peut-être, mais difficile à mettre en oeuvre en si peu de temps.
L'Autre livre ne compte cependant pas s'arrêter là et devrait prochainement tenir une conférence pour faire valoir son opinion sur cette nouvelle grille tarifaire. Censure économique de l'édition indépendante ? C'est très probablement. Ou du moins une jolie manière de montrer que sans argent... le droit d'avoir une table pour présenter son catalogue ne va pas de soi.
Le Salon du livre de Paris se tiendra, avec ou sans l'édition indépendante du 26 au 31 mars. Une chose est aussi à envisager : nous qui avions été invités à intervenir l'an passé pour des conférences, risquons de ne pas recevoir le même chaleureux accueil...