Le cri - E Munch
que ne puis-je t’arracher à mon corps
vieille dépouille familière tu pues la souffrance en sueur
tu m’étouffes tu crèves ma bulle viole mon oxygène
… en bordure
de quel air puis-je respirer
quand tu adhères glauque chair morte de ma chair
atrophies et phagocytes le bris vaincu de mon corps translucide
… en bordure
si tu pouvais au moins m’achever
ne plus me labourer de la mue des démons à en broyer
les muscles bandés sous l’emprise d’une douleur attentive
… en bordure
qui es-tu qui échappes aux regards
une ombre à peine au bord de mon esprit
suis-je donc folle que je crois te voir
au moment même où te voilà partie
que ne puis-je t’arracher à moi
laide peau desséchée aux rides souillées de moisissures
te jeter au loin en pâture aux chiens fous qui rodent
… en bordure
tu m’enfermes dans ton monde furieux
j’implose les murs de ma geôle rougissent du flot vivant
je les entends qui fondent sous l’acide sadique de l’artère qui me brûle
… en bordure
si je pouvais seulement
de mes ongles mes dents lacérer le supplice qui vrille mes tympans
comme ils aboient cruellement la plainte animale qui se lèche
… en bordure
qui es-tu qui échappes aux regards
une ombre à peine au bord de mon esprit
suis-je donc folle que je crois te voir
au moment même où te voilà partie