Muco-cardio-viscidique

Publié le 11 août 2009 par Basan
C'est en bohémien des jeunes chaires mortes que le scalpel sur la peau diaphane se promène. De nombreuses larmes rouges éclosent dans le sillon de son patin élégant, qui d'un trait en Y glisse de la gorge au pubis. Une fois l'œuvre d'écartèlement terminée, c'est un beau champ de mort savamment cultivé qui s'offre à l'œil déjà vitreux des légistes : poumons enbavés de mucoviscidose, guirlandes d'abats pleins d'étrons malades et trônant au centre de ce curieux agencement, un cœur froid aux valves étrangement pliées.
Vision d'horreur pour la plupart, les légistes se complaisent pourtant à explorer cette campagne colorée aux relents si spéciaux, qui dans leurs nez entraînés forment une symphonie olfactive quasi-érotique. Et la note de formol agrémentant ce délicieux fumet les invite à de plus intimes palpations.
Comme un duo de pianistes, les deux champêtres entament alors leur ballet silencieux et faufilent partout leurs petites menottes immaculées. Quel atelier pâte-à-modeller savant ! On pèse, on mesure, on renifle avec un plaisir toujours renouvelé. Et comme les augures de jadis, nos “forensistes“ jouisseurs se perdent tant en malaxages qu'en conjectures.
- Quelle sonate notre amie noire a-t-elle donc composée pour celui-ci ?
- Je ne sais pas cher confrère, mais le marais de vase pulmonaire semble témoigner d'un étouffement.
- Je ne suis pas d'accord, son cœur s'est certainement endormi avant, avec ses valves en rondelles.
(en coeur) - Jackpot, c'est une double cause!
Et c'est en se lavant les mains que les deux compères, heureux comme de jeunes puceaux dans le hall d'une vieille prostituée, se félicitent de ce joyeux pelotage.