Faut-il y voir, à l'approche de la rentrée universitaire, un retour en arrière ? Etudiants et intellectuels ont, en effet, de quoi frissonner. Les déclarations ci-dessus rappellent étrangement celles de la « révolution culturelle » des premières années post-révolutionnaires. Mais elles pourraient s'avérer contre-productives. Car les temps ont changé. Le boom de l'Internet l'a prouvé lors des dernières manifestations : il est difficile de museler la nouvelle génération, avide de changement, de dialogue, de débat, de meilleure connaissance des autres - y compris les soi-disant « oppresseurs mondiaux »...
Ce que veulent les jeunes opposants qui surfent sur la « vague verte » s'opposant à Ahmadinejad ? Le « changement », plus qu'un renversement du régime. Leurs leaders actuels -Mir Hossein Moussavi, Mehdi Karoubi, Khatami - ne sont ni des contre-révolutionnaires ni des agents de l'Occident. Ils sont, eux même, de purs produits de la révolution islamique.
Ce qu'ils contestent, c'est la tournure que cherche à prendre le régime : isolement sur la scène internationale, attitude belliqueuse, fanatisme, répression au nom de la religion...
« Nous sommes opposés à l'interprétation de la religion faite par ceux qui, au nom de la lutte contre le libéralisme occidental, veulent entraîner les gens de force, par une approche fasciste ou totalitaire, sur la voie qu'ils jugent la meilleure», déclarait, ainsi, il y a quelques jours, Mohammad Khatami lors d'une réunion avec des professeurs d'université à Téhéran.
Trente ans après la révolution, les héritiers de l'imam Khomeiny se déchirent. A un islam rigoriste qui vise à mâter les foules contestataires, d'autres opposent un islam de tolérance. La bataille n'est pas nouvelle. En l'exacerbant, le scrutin du 12 juin dernier n'a fait que la révéler au grand jour.