Georges, c'est un des rares élus qui me semble être un animal politique dans cette salle, prêt à suivre la discipline de son parti, informé des rouages qui animent la vie politicienne du territoire, mais surtout, excellent orateur qui pratique l'humour avec une étonnante efficacité. En résumé, il est doté d'un charisme certain.
Il est socialiste, et alors qu'un conflit (dans une affaire que j'expliquerai bientôt) opposait, deux heures auparavant, l'assemblée délibérante contre "mon" Maire, communiste, alors que Georges aurait du, dans les grandes lignes, soutenir celui qui aurait su l'aider aux prochaines échéances supra-communales (comme les élections cantonales, par exemple), et bien non, il ne cèda pas, il fut même le seul à neutraliser par sa verve inspirée les contre-vérités assenées par l'élu PCF lui faisant face.
J'avais attendu le repas pour m'asseoir à proximité de Georges, et savoir son secret, je lui demandai donc, "Comment fais-tu, pour arriver à être aussi foudroyant dans tes interventions ? Moi, je n'en peux plus, la tension est à son comble à chaque réunion de notre conseil municipal, les dossiers où je note des irrégularités s'accumulent, et personne ne tient compte de mes remarques, pourtant on va droit dans le mur...".
Sa réponse, calme, n'en fut pas moins cruelle: "Tu vois jeune homme, cela fait quelques mandats que je suis élu, au début, tout me tenait à cœur, j'étais comme toi, mais j'avais du mal à me faire entendre. Alors que maintenant je n'en ai plus rien à foutre, et tout le monde m'écoute.".
J'avoue ne pas encore savoir comment réagir. Il a très probablement raison. Il faut savoir se détacher des problèmes, mais si l'intérêt général est pour moi primordial, comment prendre de la distance lorsque celui-ci est offensé ?
Note pour le lecteur dubitatif: Ce n'est pas un message à la gloire du P.S., je suis, en ce qui me concerne et pour le moment sans étiquette ni carte.