Le plaisir féminin. Vaste programme et une si pauvre éducation. Car si depuis des années on milite pour redorer le blason du plaisir féminin, il n’en reste pas moins le cousin pauvre de son pendant masculin.
Et ça commence tout jeune, tandis que les garçons découvrent leur zizi, les fillettes sombrent illico dans le registre animalier avec un véritable élevage de chattes, de minous et de minettes : adorables animaux qui nous poursuivront jusqu’à la fin de notre sexualité. Posez vous donc la question messieurs de savoir si certaines femmes sont réellement frigides ou simplement allergiques aux poils des félidés.
Mais en matière de plaisir, l’infantilisation ne fait que commencer. En effet selon la plupart des coutumes locales, le batifolage ressemble encore à une activité digne de la cour de récré. Les hommes entraînent leur compagne dans des jeux amoureux, quand ils ne se proposent pas carrément de devenir leur jouet. On fait des galipettes, on joue au docteur, on joue à touche pipi, ou on choisit ses positions en lançant des dés. Un must parmi les offres subversives des magasins de toys pour femmes (SIC !). Il est vrai que le Kamasutra, malgré ses nombreuses illustrations, pourrait faire trop sérieux au milieu des déguisements et des pompons. Alors en un mot, un seul (enfin deux) : AU SECOURS
Contrairement aux hommes toujours, les femmes ne se masturbent pas. Non, non. Jamais. Leur tendre mâle si viril et performant leur suffit largement. En tout cas c’est ce que la plupart des hommes aiment à penser de leur moitié. Et quand le plaisir solo fait enfin, bien que timidement, sont coming-out, c’est pour prendre une fois de plus la forme d’un (sex) Toy. Pourtant, sans être experte dans la psychologie féline, il n’est pas difficile d’évaluer le faible pouvoir érotique du canard en plastique. Enfin restons positives Mesdames, car à défaut d’être excitées, nous pourrons satisfaire notre penchant pour les poupées. Il est en effet désormais possible de collectionner les canetons dans divers pantalons.
Les minous vibrent donc sous le bec des coincoins qui ne dépareilleraient pas dans le sac à jouets des bambins. Et d’ailleurs, au rayon jouets des mamans, la famille s’agrandit, les canards côtoient désormais les dauphins, les chenilles et autres vers de terre. Et quand ce n’est pas par leur forme, c’est le nom du célébrissime « Rabbit » qui nous renvoie à la ménagerie. Certaines scènes de plaisir solo deviennent alors d’un érotisme insoutenable (s’il vous plait sortez les enfants, censurez ce passage, for Adults only !) : « allez viens mon lapin, viens voir maman, allez mon minou, dis bonjour au gentil coincoin. »
Sic ! Reste à espérer de la girafe Sophie qu’elle reste hors de portée des femelles alanguies !
Car enfin si l’univers du X masculin peut nous paraître trash, celui des demoiselles ressemble encore au pays des Télétubbies, sucré à l’extrême. Comment dès lors s’étonner de nos problèmes de communication, quand Venus est abonnée à TiJi et autres Canal J tandis que Mars bave encore devant Marc Dorcel TV.
Et si on laissait enfin sortir la sexualité féminine du rayon des jouets premier âge ? Et si on proposait enfin des accessoires adaptés ? Car même si plusieurs enseignes se lancent (enfin) dans des accessoires dignes de ce nom, ils restent malheureusement minoritaire ou discrets. Et oublions direct les réunions Tupperware, drôles soit, mais un exemple parfait de l’incapacité des experts marketing du X à choisir dans quel rayon caser nos pulsions…