Magazine Culture
Je ne me suis pas posé ici pour écrire une quelconque histoire du rock Rennais (qui plus est à saxophone), il y a des gens et des sites Internet qui feront très bien ça pour vous, c’est par-là. Je ne me suis pas non plus posé ici dans le but avoué de réhabiliter quiconque, quoi que ce soit, et encore moins un lieu et une époque supposée dorée (Rennes et la fracture eighties). En fait si je me suis posé ici c’est simplement pour vous parler un peu d’Ubik, groupe rennais circa 80 (donc), tellement oublié qu’il a même été oublié par le site Internet que j’évoquai plus haut. Ubik si peu trouvable, si peu disponible car n’existant quand vinyle et 33 tours par minute.
Résumons Ubik, le groupe pas le livre, c’était la bête bondissante de Philippe Maujard, bassiste élastique et chanteur raide, type un peu azimuté, breton par erreur mais vrai martien costumé aluminium… En orbite tout autour de lui, des musiciens, des vrais… Daniel Paboeuf, sax terror échappé de chez Marquis De Sade (le groupe), plus anonyme, un guitariste qui lui devait plus à Robert Fripp qu’à Joey Ramone, liant le tout un batteur positivement efficace et métronomique. Pour situer la musique d’Ubik il fallait imaginer un croisement incongru (?) entre les Talking Heads et la seconde mouture de King Krimson, des brides de no-wave new-yorkaise (James Chance ?) et de cold-wave « bretonne à saxophone» (Marquis de Sade), un funk froid de godelureaux blancs mais non dénué de balancement (les spécialistes parleront de groove) et même au loin des rivages fusion intrigants tel du Magma en mieux et sans kobaien (le quasi-tube Kakikouka).
« Surf » sera le seul et unique album d’Ubik, il résumera tout. Si un jour vous avez la bonne fortune de trouver cet enregistrement sachez que vous aurez entre les oreilles un bel exemple de funk froid et sautillant, un machin vigoureux et plein d’éclat blême, une bonne surprise et un bon disque malgré le temps qui passe comme chez Bergson.
PS : Reste une question que tout honnête homme devrait se poser : Qu’est devenu Philippe Maujard ce martien slappeur costumé aluminium ?