De Christophe J. on ne savait pas plus de deux trois choses : qu'il était havrais, distingué et anglophile, qu'il portait beau l'imper gris et que Jiri Smetana (son mentor) un tchèque bienveillant, et néanmoins réfugié, l'avait pour ainsi dire découvert et extirpé des tréfonds du Gibus (ce night-club trépidant). On savait aussi que son album Christophe J. il l'avait miraculeusement enregistré à Londres et que le backing-band qui l'accompagnait avec une efficacité toute discrète était composé de la plus entière globalité des Immates... un combo sensas pour une galette sensas...
En fait ce que l'on savait surtout de Christophe J., c'est ce qui était sur son disque ; ce mamelon Power pop frémissant, ces airs doux-amers pleins d'ondes sentimentales, le souvenir des Kinks, la simplicité archaïque de bonnes chansons qui ne veulent pas se faire plus grandes qu'elles ne sont... Sur deux titres Christophe J. laissait tomber micro et songwriting et c'est Jiri Smetana qui s'y collait : " I Say Yeah" un limite boogie tout en riff et surtout " Wall Of Kampa" bel hommage à John Lennon ; chanson personnelle (comme on dit) puisque ce fameux "mur de Kampa" c'était le mur où la jeunesse pragoise, et bridée se défoulait dans moult graffitis libérateurs à la gloire des coléoptères... Le reste était du pur Christophe J., soit ce que j'ai décrit plus haut : une musique modeste et intangible où il était question de filles un peu roses, mais nerveuses, de la face ensoleillée de la lune, de choses tendres et d'autres moins.... Un disque presque inespéré, un disque sensas par un type qui devait l'être... sensas (même en imper gris). Qu'est-il devenu ? Mystère !
PS : Il n'y a rien à trouver de l'autre côté de lune, même pas Syd Barrett.