La timidité butée des jeunes Young Marble Giants, la langueur ouatée de Mazzy Star, le lointain souvenir du Velvet, ce Velvet plus flottant et spectral que souterrain, celui des chansons... Des bribes R&B anémiées, le « dialogue » entre Gram Parsons et Emmylou Harris, des guitares claires et twang(s), quelque chose de primitif, d’heureusement primitif.
Sur le papier, vous me direz que tout ça tient du curieux alliage, mais dans les oreilles c’est un assez beau mélange, qui fonctionne, vraiment...
Résumons, écoutons et voyons voir... S’il y a du vain à vouloir ressassé le passé, il est parfois nécessaire de s’appuyer sur ces quelques béquilles que le temps a crée pour nous, vous voyez bien ces jambes de substitution qui nous permettent d’avancer et de nous inventer tout neuf avec de l'ancien. Ici on évoquera les béquilles branlantes de la « culture rock » et leur nécessaire soutient, on oubliera par contre le ressassé d’autres, plus poseurs (le post-modern-punk faussement désespéré au goût du jour, la liste est longue).
Si les XX évoquent bien tout ce que j’ai maladroitement évoqué plus haut (Young marble stars sur du velours conjugal) et décris plus bas (la tradition et la « culture rock »), ce n’est certainement jamais en voulant faire les malins ou en la ramenant, c’est presque toujours naturellement et, oserais-je dire, presque involontairement ? Nous y voilà, le disque de nos doubles X est un disque primitif qui se souvient (instinctivement ?) , qui s’invente avec les moyens du bord , dans la chambre, en faisant le moins de bruit possible, histoire de ne pas réveiller les voisins... Des chansons rock'n'roll en demi-teinte, un feedback, des beats minimaux sur des mélodies plaintives. Des histoires d’adolescents en vestes noires., des histoires d’amour d’adolescents disgracieux en vestes noires...
Quelques-uns trouveront tout cela monochrome et fade, sans y voir la légèreté de touche, cette « guitare douloureuse avec un cœur agité », le goût du gardenal et l'engourdissent qu’il propose , cette heureuse inquiétude, ce tranquille désespoir à vivre que l’on éprouve la nuit en observant le plafond tout écoutant des chansons moroses.