Tous derrière et lui, devant

Publié le 07 septembre 2009 par Olivier57
C'est inoui. Un ministre donne une définition du sarkozysme et cela ne soulève aucun écho ?

Il en est ainsi de l'interview donnée la semaine dernière par M Estrosi, grand courtisan devant l'Eternel. Ne voilà-t-il pas que celui-ci s'essaye à donner la définition d'une doctrine qui traversera sans aucun doute les siècles en laissant autant de traces que les pensées d'un café du commerce à l'heure des petits blancs et des petits noirs. A moins qu'il n'alimente quelques pages dans des manuels de marketing ou de communication médiatique...

Pour ceux qui l'ont malheureusement manqué, voici donc la définition du sarkozysme, selon M Estrosi...

"C'est tout d'abord un volontarisme politique qui s'applique avec pragmatisme. C'est une éthique ; l'idée que la parole donnée au peuple engage celui qui l'émet. C'est la force de l'ouverture et de la main tendue, l'addition des talents. C'est une philosophie de l'action qui nous conduit directement au cœur des problèmes, là où le vent souffle le plus fort, tout en restant debout."


Fermer le ban ! Franchement, c'était dommage de pas donner à de tels propos l'écho qu'il méritaient ! Mais que doit-on en penser ?  Est-on dans le registre de l'aveuglement, de la flagornerie ? A moins que umer la moquette de l'Elysée  n'ait des violents effets hallucinogènes, ce qui expliquerait d'ailleurs sans doute d'autres choses ?
Sans faire l'exégèse d'un texte dont la teneur littéraire ne dépasse pas le niveau de Gala ou de Détective, relevons tout d'abord le terme "pragmatisme". Ah, le joli mot que voici. Un terme qui est au discours politique ce que l'INSEE est aux statistiques gouvernementales, un merveilleux allié.
Vous dites le contraire de ce que vous aviez proposé ? Du pragmatisme. Vous faites le contraire de ce que vous aviez promis ? Du pragmatisme. Le marketing est passé par là, en politique, on ne dit pas manger son chapeau, tourner sa veste, baisser son pantalon, non, on dit ... faire preuve de pragmatisme. Le pragmatisme est une baguette magique, qui permet à tout politique de dire une chose mais de faire le contraire, avec une élégance toute dialectique.

Viens ensuite "l'idée de la parole donnée". Hélas, il n'est guère difficile, bien que peu constructif, de se replonger dans la carrière de M Sarkozy pour se rendre compte que le suivi de la parole donnée soit une notion strictement de circonstance et à géométrie variable, contrairement à l'idée que l'on s'en fait généralement. A preuve, une phrase de l'intéressé lui-même "L'important, ce n'est pas la réalité : C'est ce que les gens perçoivent". Et en matière de peinture des lunettes du bon peuple, certains sont passé maitre en s'y prenant de manière tout de même un peu plus fine que M Estrosi et ses gros sabots.

Passons sur la "force de l'ouverture et la main tendue", tout à fait de circonstances puisque rattrapée au vol par Mme de Sarnez,  main tendue qui n'évoque pas celle cachée dans le dos qui tient le poignard, l'addition des talents qui rappelle que vos bonnes idées seront les miennes et la position debout là où le vent souffle le plus fort, propre de toute bonne girouette, exemple s'il en est d'un pragmatisme mécanique qui la fait s'orienter toujours dans le sens du vent, en l'occurence, celui de la majorité.

Notons toutefois que M Estrosi prend un risque en étant petit joueur et très réducteur puisqu'il n'étend le sarkosysme que de MM Villiers à la droite de M Besancenot. "Je ne doute pas une seule seconde que de la gauche jusqu'à Villiers, on peut se retrouver aujourd'hui dans le sarkozysme." Il aurait tout de même pu impliquer M Le Pen, dont le déficit des voix a fait le bonheur des caisses de l'UMP.

Non franchement,  il n'aurait pas été de trop de faire sienne la devise de Toy's story, pour étendre le sarkozysme "vers l'infini et au-delà". Mais peut être a-t-il eu peur que l'on se méprenne et remplace étendre par envoyer...

En fait, le sarkozysme, dans les rêves les plus fous de son initiateur, vient d'un poème de Paul Fort : Tous derrière et lui, devant...