Dans ce travail d’analyse des soucis de l’auteur, je me suis souvenu de mes
rencontres avec des écrivains ayant acquis cette notoriété après laquelle chacun court pour trouver reconnaissance et lecteurs, lors de mon séjour à Pondichery entre 1980 et 1986. Pondy, ancien
comptoir français des Indes chante dans les mémoires d’une génération qui a appris l’histoire (Pondichery, Cochin, Yanaon, Chandernagor). La ville voit défiler régulièrement les journalistes et
écrivains en mal d’exotisme ou d’histoires à raconter.
J’ai pu ainsi côtoyer Paula Jacques, Pascal Bruckner, Jean Lacouture et Michel Tournier. J’ai conduit l’académicien Goncourt sur les routes du Tamil Nadu pour lui faire découvrir les temples
dravidiens. J’avais même confié un de mes manuscrits (médiocre je dois l’avouer) à certains pour solliciter leur avis. J’ai retenu quelques uns de leurs propos qui se résument à un théorème :
sans être journaliste, parisien, avoir moins de trente ans, être d’une ambition monomaniaque, convaincu de son génie, il est impossible de publier un premier roman. Et c’est ainsi
que j’ai publié beaucoup plus tard "Chakrouni", à compte d’auteur, publié et répertorié pour l’anecdote au Pakistan où je me trouvais alors avec un numéro ISBN de la BN d’Islamabad (!) puis
"Amaurote". Il m’a fallu attendre plus de vingt ans pour trouver l’éditrice qui ignorera tous ces critères pour publier "La Sentinelle".
Pas journaliste, pas parisien, beaucoup plus de trente balais, aucunement monomaniaque mais plutôt dilettante, avec l’ambition du travail bien fait et la conscience de ma médiocrité, seule attitude
permettant de continuer à apprendre et à devenir un petit peu meilleur.
"Musarder, c’est ce qu’il fit" c’est ce qu’on inscrira sur ma tombe, "guidé par sa Muse et ses passions".
Je reviendrais sur cette errance dans un prochain article.
À bientôt.
Maurice LÉVÊQUE
MUSARDER : se laisser conduire par sa muse (dico personnel)