Le Calvaire des investisseurs privés à la Brvm

Publié le 07 septembre 2009 par Richman

Depuis 11 ans, les 8 pays membres de l’Uemoa disposent d’une bourse des valeurs mobilières (Brvm), dont le siège se trouve à Abidjan. Ces derniers mois les particuliers désireux d’investir sur ce marché ont de plus en plus de difficultés.
Un investisseur de Yamoussoukro est intéressé par les actions de Nestlé Cote d’Ivoire. Il lui faut consulter les états financiers de cette entreprise pour se décider avec assurance. Le premier réflexe, c’est de contacter Nestlé Cote d’Ivoire. On lui dit que cette information est réservée aux actionnaires et qu’il faut pour cela passer au siège à Abidjan. Après avoir obtenu, la même réponse chez le courtier qui s’occupe du titre Nestlé Cote d’Ivoire en bourse, notre investisseur se tourne vers le site web de la Brvm et y trouve les résultats financiers de 2008. Comme tous les analystes financiers le savent, il doit les comparer avec les résultats financiers des années précédentes. Comment les obtenir depuis Yamoussoukro ?

En principe, c’est la société cotée qui doit le mettre à la disposition des investisseurs. En occident, les sociétés cotées ont toutes une rubrique « investisseurs » sur leur site web où elles postent ce type de document et des communiqués à l’intention des investisseurs. Ce qui est à la portée de nos entreprises cotées vu qu’elles entretiennent toutes des services informatiques et de communication. Mais combien d’entre elles disposent d’un site web ? De celles qui en disposent combien se sont souvenues qu’étant cotées sur un marché sous régional, les investisseurs des autres pays, que disons nous, du monde entier pourraient en avoir besoin ? On aurait espéré que leur état de filiale de multinationale occidentale puisse les donner ce réflexe, malheureusement non. Quand vous les ferez une réflexion, quelqu’un vous ressortira hors micro le refrain « On a pas choisit de venir en bourse » ou « C’est maintenant qu’on apprend à être une société cotée » (Or, ça fait 11 ans qu’elles sont cotées). Les bons élèves à féliciter dans ce domaine, sont : La Sonatel du Sénégal, l’Onatel du Burkina Faso, le groupe Ecobank et les deux filiales cotées du groupe Bank Of Africa.
C’est la Brvm qui par son site web aidait à combler cette négligence des sociétés cotées, jusqu’à ce que l’institution décide d’en faire un service à valeur ajoutée, facturé à 1 million de FCFA minimum par année. Maintenant, elle ne publie que les résultats et communiqués de l’année en cours. Tant pis pour les petits investisseurs disséminés dans les huit pays de l’union. Tant pis pour les étudiants qui pourraient avoir besoin de certaines données des années antérieures pour leurs thèses ou recherches. De toute façon la culture boursière viendra brusquement du ciel et le petit nombre de particuliers investissant en bourse aujourd’hui doit le faire par inspiration divine, étant privé de la matière première de la bourse qu’est l’information financière. Eux, qui par le « bouche à oreille » contribuent à la promotion de la bourse.
« L’année boursière de la Brvm », une publication de l’institution qui fait le point de l’évolution de chaque valeur du marché pendant une année, avec un rappel de certaines données des années antérieures, aurait pu nous aider. Mais malheureusement, elle parait toujours avec au moins trois ans de retard. Le numéro de 2006 est sorti il y’a à peine quelques mois.
Quelle tragédie !!!
Euclide Okolou
www.okibat.com