Marie-Rose Moro, professeure de psychiatrie, porte un regard clair sur la scolarisation en France. Selon elle, « l'apprentissage est structuré selon un certain rapport au savoir qui appartient au monde occidental et qui s'appuie fortement sur la langue française et l'écriture ».
Dirigeant la maison des adolescents de l'hôpital Cochin dans le XIVe, elle estime que « l'enfant de migrants son bilinguisme, son statut transculturel » est privé « de compétences, notamment linguistiques » dans le contexte scolaire actuel. Et pourtant, ces éléments seront parties intégrantes de son parcours à venir.
Ainsi, les langues maternelles « sont reléguées à un statut mineur ou ignorées par l'école alors qu'il faut au contraire donner à l'élève l'envie d'atteindre une rive en s'appuyant sur celle qu'il connaît ». Un dilemme « impossible et traumatique », entre la langue française et celle de ses parents, qui ressemble à s'y méprendre à l'expérience du début du XXe siècle entre le français et les patois.
Un enfant tiraillé, qui risquerait de « perdre leur amour pour s'intégrer dans son pays d'accueil » ou encore provoquerait « une inhibition qui bloque les apprentissages et le potentiel créatif », explique-t-elle à l'AFP. Alors que les enfants de migrants seraient selon elle « en avance », du fait de cette navigation entre les deux langues qu'ils manipulent. Il faut cependant favoriser les ponts « entre les mondes et les savoirs ».
Alors qu'en réalité, un décrochage scolaire violent existe, qui aura des conséquences fâcheuses sur le reste de leur vie. Elle recommande alors de « former les enseignants, qui sont d'ailleurs très demandeurs, à l'anthropologie et au plurilinguisme ». Ou encore « prendre en compte le fait que l'enfant aura peut-être du mal à réussir en s'identifiant à des parents humiliés par l'exil ».
Une noble cause, et des intentions tout aussi louables. Si l'on pouvait éviter les violences qui ont suivi l'enseignement obligatoire du français, avec l'interdiction de parler le patois local... Maintenant, on peut aussi se poser la question de la volonté d'intégration. Ce n'est qu'une question...