Sans même y avoir jamais mis les pieds, on peut attribuer au festival des Nuits Secrètes deux grands mérites : le premier, celui de constituer un des festivals les moins chers de France, sans pour autant nous servir sur sa scène gratuite les chanteurs les obscurs, façon concert du 14 juillet sur l’esplanade de Dieppe. Le deuxième, celui de rameuter 55 000 festivaliers dans un village perdu du nord de la France, à savoir Aulnoye-Aymeries. C’est donc avec de bons a priori que nous nous sommes rendus à cette huitième édition (les photos se trouvent en bas de l’article).
Arrivés un peu tard, nous commençons par aller faire un tour du côté du Jardin, scène de taille moyenne à 9€ la soirée. Mocky tentait alors tant bien que mal de faire s’agglutiner autour de lui les quelques spectateurs présents. La qualité de la prestation du batteur chevelu ne laisse pas la place au doute. Malheureusement la parfaite inutilité du reste du groupe non plus, la palme revenant à la violoniste qu’on dirait propulsée là par hasard, l’air perdu derrière ses montures noires. Je remarque alors derrière nous un des membres de Puppetmastaz regardant d’un œil un rien dubitatif le spectacle un peu léger que nous offre Mocky. Membre que l’on reverra plus tard dans la soirée, mais dans un tout autre état.
Délaissant Mocky qui s’en va sous les applaudissements d’un public clairsemé, nous traversons la fête foraine afin d’aller faire un tour du côté des Dø. Juste à temps pour entendre Olivia entonner On my Shoulders. L’ambiance semble bonne, le public au rendez-vous.
Pas le temps de s’attarder cependant, nous retournons au pas de charge au Jardin, voir les Puppetmastaz. Là, quelques milliers de personnes sorties d’on ne sait où sont déjà massées devant l’entrée, passant les contrôles au compte-goutte. Jouant des coudes, nous parvenons tant bien que mal rentrer à nouveau. L’ambiance est survoltée. Le collectif fera même une apparition éclair sur scène, avant de céder à nouveau la place à leurs avatars en latex.
Les sketchs et les chansons s’alternent, ici faisant la place à la tête d’Elvis, là laissant apparaître Yoda et autres guest-stars improbables. On se croirait devant un spectacle géant des Guignols, excepté que Gnafron n’aligne génralement pas les “mother fucker” à chaque fin de phrase…
Après un court intermède débarque celui dont le set constitue le clou de la soirée : Quentin Dupieux, alias Mr Oizo, tout sourire et barbe foisonnante. Deux gigantesques baffles vissées aux oreilles, sa bouteille de champagne et son petit air présomp-tueur qu’on lui connaît bien. Quelques agités du bocal orchestrent alors des pogos sur les premiers titres, deux trois mecs s’écrasent misérablement dans des slams foireux et une forte odeur d’herbe envahit l’atmosphère.
Au milieu de la foule, deux membres des Puppetmastaz font une incursion à la discrétion feinte, et nous rejoignent dans la fosse. En nous proposant au passage un peu de GHB, que l’on refuse poliment. A voir ensuite l’oeil vitreux de l’un et le regard hébété de l’autre, je renonce finalement à tenter une quelconque interview sur le pouce.
Sur son perchoir l’oiseau lui aligne les titres, sautant du coq à l’âne avec un naturel désarmant, limite insultant. Arthur aura notamment reconnu :
The Kills - Cheap and Cheerful
The White Stripes - Blue Orchid
Death from Above 1979 - Blood on our Hands
The Chemical Brothers - Saturate
The Prodigy - Invaders Must Die
LFO - Freak
Daft Punk - Harder, Better, Faster, Stronger
Klaxons - Atlantis to Interzone
Gossip - Standing on the Way of Control
Bref Mr Oizo aura clairement fait son show, avec un dédain sans pareil. Comme, par exemple, lorsqu’il alla se vider les ballastes en laissant tourner seul son morceau planétaire, Flat Beat. Ou même, son set achevé, quand il sortit de scène en lançant à la cantonade un banal “salut!”.
Les jambes en compote, nous reprenons la route. La Bonaventure? Rendez-vous demain.
Crédits photos : Olivier Clairouin, Arthur Nancel (pour Flat Eric, quand même !)