Kiki Dimoula

Par Florence Trocmé

Depuis un demi-siècle, la voix de Kiki Dimoula (née en 1931) résonne dans la poésie grecque avec insistance (mais non pas véhémence), empreinte d’une dignité qui n’a rien d’empesé, même si Dimoula a été récemment élue à l’Académie d’Athènes. On pourrait, si l’on veut, la comparer à un hautbois pour la verdeur, et la façon subtile dont son timbre sait distiller à la fois l’émotion et l’ironie. On qualifierait volontiers son écriture de métaphysique, n’était sa déconcertante facilité à faire se rejoindre le réel et l’irréel, à superposer, d’une façon tout à fait caractéristique, le concret et l’abstrait, les considérations philosophiques et les notations quotidiennes, dans des registres qui vont du sarcasme discret à la mélancolie distante, en passant par un cocasse qui n’est pas sans rappeler certains textes de Michaux. Elle a pour matière essentielle l’éloignement de soi-même, l’existence et l’inexistence, mais surtout une réflexion sur le langage et l’écriture, présente en filigrane dans la plupart des poèmes, sinon tous. Sa vie offre la même apparente simplicité que ses poèmes : employée de banque, mère de famille ; mais aussi femme puis veuve d’un poète (Athos Dimoulas). On a choisi pour cette présentation (voir l'anthologie quotidienne de ce jour) un recueil assez ancien (1958), car sa « manière » y est déjà sensible.
Pour qui voudrait aller plus loin, voici trois ouvrages disponibles présentant des poèmes de K. Dimoula traduits en français :
un recueil bilingue :
Kiki Dimoula, Je te salue Jamais, traduction Michel Volkovitch, Desmos, 1997 ;
Du peu du monde et autres poèmes, traduction Martine Plateau-Zycounas, Editions Orphée/La Différence, 1997
Anthologie de Kiki Dimoula, traduction Eurydice Trichon-Milsani, L’Harmattan, 2007
et une sélection de poèmes dans l’Anthologie de la poésie grecque contemporaine, 1945-2000, NRF, 2000.
Contribution de Myrto Gondicas

sur le site de Michel Volkovitch, nombreux poèmes. Michel Volkovitch qui d’après le site du Printemps des poètes devrait faire paraître une série de traductions de Kiki Dimoula chez Gallimard en 2010.