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Jack Peñate est un excellent musicien

Publié le 20 août 2009 par Kinishao

En cette merveilleuse journée dromo-provençale, où le mercure atteint péniblement les 43°, j’ai décidé de me souvenir que la musique ne s’est pas arrêtée en avec le XXe siècle et que, de nos jours, il existe d’autres personnes que moi qui font encore de la musique et qui, chanceux qu’ils sont, vendent même des CD.

J’ai donc cherché ce que je pourrais bien écouter pour conforter le postulat sus-énoncé et ai donc étudié les diverses possibilités qui s’offraient à moi à cette fin :

1. aller chez le disquaire du coin et prendre un album au vu de sa couverture.

    Très mauvaise idée. La seule fois où je me suis risqué à une telle aventure, j’ai acheté l’album d’un groupe anglais, Menswear, parce que la pochette était belle. Vous ne connaissez pas Menswear ?… Chanceux que vous êtes.

    2.  acheter les Inrocks et suivre leurs avis éclairés.

    Dans la mesure où je n’ai pas envie d’écouter de la musique qui, au choix, va me vriller les tympans, parce que les gens auront oublié d’accorder leurs instruments, ou bien va me transformer en junkie au prozac, à cause de merveilleuses paroles d’un groupe finlando-ougandais chantant en swahili, du genre “ce matin j’ai décidé de m’ouvrir les veines / comment je suis trop dégouté, c’est même pas la peine / ma connasse de copine m’a offert un pull en laine / il est moche c’est trop la honte j’ai trop la haine” (ne me remerciez pas pour la traduction, ça me fait plaisir) … je vais éviter.

    3. acheter des magazines normaux et aller sur internet chercher la bonne parole.

    Curieusement, j’ai choisi cette option.

    Et c’est ainsi que je suis tombé sur le dernier album de Jack Peñate, intitulé Everything Is New.

    Jack Peñate est un excellent musicien

    Jack Peñate est un musicien anglais de 24 ans, qui est apparu sur la scène musicale en 2006 avec son single “Second, minute or hour“. Son premier album, “Matinée“, est sorti en 2007 sur le label indépendant XL RECORDINGS, qui distribue également ce deuxième album, Everything Is New.

    L’album est plutôt court (9 chansons, moins de 34 minutes), mais est très homogène, varié, mais surtout extrêmement rythmé et vivant.

    La première chose qui frappe à propos de cet album, c’est … la voix du sieur Peñate.

    A la première écoute, je me suis demandé si Robert Smith (vous savez, le mec qui chantait dans un vieux groupe anglais des années 80 qui racontait des conneries, du genre les hommes ne pleurent pas) ne s’était finalement pas résigné à abandonner son maquillage, à se laver les cheveux et à enfin acheter un peigne.

    En effet, le timbre de voix de Peñate est extrêmement proche de celui de Smith, de même que sa façon de chanter des lignes mélodiques toujours à la limite, donnant cette impression que celui qui chante est au bord des larmes et a la gorge nouée …

    Le premier titre de l’album, “Pull my Heart Away” (qui est accessoirement mon préféré) est l’illustration parfaite de cette façon de chanter : paroles décrivant l’urgence de se libérer d’une relation, au risque de détruire tout ce qu’elle a pu avoir de beau … chant “à la limite” … mélodie désespérée, noyée dans l’écho … Une grande réussite et le meilleur titre de l’album, à mon avis.

    Jack Peñate est un excellent musicien

    Le deuxième titre, “Be The One“, permet à Peñate de changer de registre et de revenir aux chansons plus punchy qui composaient son premier album. On retrouve encore une mélodie imparable, aux relents quasi-disco, avec un jeu de questions/réponses sur le refrain entre Peñate et un choeur, réhaussé par un groove batterie/cuivres très efficace.

    On poursuit ensuite avec “Everything is new“, morceau aux accents carribéen, grâce à l’utilisation de percussions, renforcées encore une fois par un groove de batterie impeccablement exécuté. Malgré la mélancolie toujours présente dans la voix de Jack, le morceau est très ensoleillé et est servi par un refrain très accrocheur.

    Tonight’s Today” était le premier single extrait de l’album en Angleterre, où il a connu un certain succès (#23 dans les charts). On se rapproche pratiquement de certains rythmes électros … mais qui seraient joués avec de vrais instruments. La guitare joue un motif rythmique chaloupé qui se poursuit tout au long de la chanson et où l’on retrouve les mêmes influences carribéennes que dans le morceau précédent. Morceau agréable à écouter.

    Vient ensuite “So Near“, morceau très péchu, combinant un gimmick de piano potentiellement très “mémorable” et divers riffs de guitare qui renforcent la force de ce morceau. Et l’on trouve au sein de ce morceau cette perle : “what’s a room when we are gone / Just some walls that don’t belong“. Et toujours ce chant, à la fois désespéré et débordant de l’envie … d’espérer, qui fait réellement merveille sur chacun des morceaux de cet album …

    Every glance” est un morceau plus calme par rapport à ceux qui le précèdent, dans lequel Peñante parle de sa difficulté à trouver la force et le courage d’être un homme. C’est un morceau très touchant, avec encore une très belle mélodie.

    Avec “Give Yourself Away“, on revient à cet atmosphère “sudiste” que l’on trouvait déjà dans “Everyting is new” et “Tonight’s Today“, avec cette fois-ci une touche plus latino … et toujours un refrain extrêmement bien composé.

    Puis, vient le très joyeux “Let’s all die“, pour lequel Peñante fait cette fois-ci appel à une rythmique reggae-dancehall (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le style de musique que Sean Paul croit faire). Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, il s’agit d’un morceau très joyeux, dans lequel Jack nous explique qu’il n’y a aucune raison de craindre la mort et qu’il vaut mieux célébrer la fin de la vie et chanter pour la mort et la souffrance … Très bon titre.

    Enfin, l’album se clôture avec “Body Down“. Le morceau débute avec une introduction jouée au piano, encore noyée dans l’écho. Puis, rentre une groove de batterie très différent de tout le reste de l’album, puisqu’il a des accents très soul, que l’on peut comparer à certains grooves du premier album de Massive Attack, “Blue Lines“. L’utilisation d’une tonalité mineure renforce ce côté très “laid-back”, très cool de la musique.

    Everything Is New est un excellent album. Ses morceaux sont remplis d’énergie, aux influences très variées et parfaitement mariées, et aux mélodies très accrocheuses. Et il y a surtout la voix de Jack Peñante, qui plane au dessus de tout, qui sublime les mélodies et les arrangements parfois un peu sommaires de la musique. Si elle peut frapper au début, la ressemblance vocale avec Robert Smith est rapidement oubliée, pour laisser place à un véritable envoutement, qui prend littéralement aux tripes pour certains morceaux (notamment “Pull your heart away ou “So near“).

    Il est rare de découvrir un artiste avec une telle personnalité et un tel talent et j’espère vous avoir donné envie de le découvrir avec cette petite chronique.

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